CLIMATLes climatologues français affinent les scénarios sur le réchauffement

Les climatologues français affinent les scénarios sur le réchauffement

CLIMATEntre +2°C et +5°C, les climatologues essayent de préciser les prévisions à l'horizon 2100...
Une hausse du thermomètre mondial de 2°C ou 5°C d'ici 2100 ? Qu'attendre pour les 15 ans à venir ? Et où ? Les scientifiques français, qui présentaient jeudi leurs nouvelles simulations, tentent d'apporter des réponses plus précises aux questions soulevées par le climat.
Une hausse du thermomètre mondial de 2°C ou 5°C d'ici 2100 ? Qu'attendre pour les 15 ans à venir ? Et où ? Les scientifiques français, qui présentaient jeudi leurs nouvelles simulations, tentent d'apporter des réponses plus précises aux questions soulevées par le climat. - Philippe Huguen afp.com
© 2012 AFP

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Une hausse du thermomètre mondial de 2°C ou 5°C d'ici 2100? Qu'attendre pour les quinze ans à venir? Et où? Les scientifiques français, qui présentaient jeudi leurs nouvelles simulations, tentent d'apporter des réponses plus précises aux questions soulevées par le climat. Malgré la vague de froid intense qui touche l'Europe en ce début février, le climat continue bel et bien de se réchauffer, ont rappelé les climatologues français en présentant leur contribution au prochain rapport du Groupe d'experts sur l'évolution du climat (Giec), attendu pour 2013-2014.

Les «futurs possibles»

Leurs nouvelles simulations, incluant les connaissances les plus récentes en matière de climat, confirment une hausse du thermomètre mondial de 2°C à 5°C en 2100 par rapport à l'époque pré-industrielle en fonction du niveau d'émissions de gaz à effet de serre des Terriens. L'objectif de la communauté internationale est de limiter le réchauffement à 2°C, alors que la planète en a déjà pris près d'un. Ces prévisions sont du même ordre que celles que prévoyaient en 2007 le dernier rapport du Giec, l'organe scientifique de référence sur le climat.

Les climatologues du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et de Météo-France ont produit deux modèles numériques différents, testant quatre scénarios, allant d'une hypothèse «optimiste» incluant des mesures fortes et rapides contre les gaz à effet de serre, à un scénario «pessimiste». Mais l'intérêt de cette nouvelle «gamme des futurs possibles» n'est pas simplement de confirmer la tendance à la hausse des températures mondiales mais de tenter d'apporter des réponses toujours plus précises. «Il y a vraiment un changement d'échelle», assure Jean-Louis Dufresne, directeur-adjoint de l'Institut Pierre Simon Laplace (IPSL), mettant en avant les efforts faits pour identifier et minimiser les incertitudes encore importantes liées à la prévision du climat.

«Un vrai challenge»

Les modèles intègrent des éléments nouveaux influant sur le climat comme les échanges de CO2 entre les océans et l'atmosphère ou l'effet des nuages. Une façon pour les climatologues de tenter de répondre aux attentes de plus en plus précises des élus ou entreprises chargés de construire des infrastructures ou lancer des plans d'adaptation: quels sont les effets à attendre du réchauffement climatique, pas seulement en 2100 mais dès les décennies à venir, et quels sont les impacts possibles selon les régions? «Les gens qui ont des décisions à prendre n'aiment pas qu'on leur dise que le réchauffement s'étale entre 2°C et 5°C. En général, ils nous renvoient dans nos labos en disant: +vous reviendrez nous voir quand vous en saurez plus...», constate Stéphane Hallegatte, ingénieur Météo-France, chercheur au Centre international de recherche sur l'environnement et le développement (Cired).

Une première réponse sera de consacrer un chapitre du prochain rapport du Giec aux effets du changement climatique sur les «dix à trente ans» à venir. «Un vrai challenge», souligne toutefois Christophe Cassou, chargé de recherche au CNRS. «Contrairement à l'intuition, il est plus difficile de faire de la prévision décennale que de prévoir la réponse du climat en 2070 ou 2100», en raison de l'influence plus forte de la variabilité naturelle du climat sur le court terme que sur le long terme. L'autre «challenge» auquel s'attellent les chercheurs est de «régionaliser» de mieux en mieux leurs résultats mais, là aussi, c'est souvent plus aisé à l'horizon 2100 que pour les décennies à venir. Encore perfectibles, ces modèles numériques constituent néanmoins la «seule façon de regarder vers le futur», rappelle le glaciologue Jean Jouzel, car «on n'a pas d'analogie dans le passé de ce vers quoi nous allons.»