ENERGIEElectricité nucléaire: L'atome coûte de plus en plus cher à la France

Electricité nucléaire: L'atome coûte de plus en plus cher à la France

ENERGIELa Cour des comptes a rendu son rapport sur les coûts de la filière...
Audrey Chauvet

Audrey Chauvet

Des investissements initiaux lourds, des coûts de maintenance en augmentation et des frais futurs pour le démantèlement et l’enfouissement des déchets encore incertains: le mythe de l’énergie nucléaire bon marché risque d’en prendre un coup. Dans un rapport commandé par le Premier ministre après la catastrophe de Fukushima et la remise en cause du nucléaire qui l’a suivie, la Cour des comptes estime que les coûts de maintenance du parc nucléaire français devront doubler d’ici à 2025, entraînant une hausse de 10% du coût de production.

Un coût de construction croissant avec le temps

La construction des 58 réacteurs français a déjà coûté 96 milliards, et ce coût n’a fait qu’augmenter avec les nouvelles générations, qui doivent répondre à des exigences de sécurité accrues. Ainsi, alors que la construction de Fessenheim avait coûté 1,07 million d’euros par mégawatt produit, celle de l’EPR de Flamanville atteindrait 3,7 millions d’euros. Une «aberration économique» pour France Nature Environnement (FNE): «Le système des économies d’échelle ne fonctionne pas avec le nucléaire, contrairement à ce qui passe dans les énergies renouvelables. Cela prouve que c’est une énergie anachronique et vieillissante», déclare Alexis Prokopiev, chargé de mission économie chez FNE.

Et nos vieux réacteurs pourraient encore alourdir la facture : pour remplacer les 22 réacteurs qui atteindront quarante ans en 2022, il faudrait construire onze EPR pour maintenir les capacités de production. «Peu probable, voire impossible», selon la Cour des comptes: «Cela revient à une décision implicite de faire durer les centrales au-delà de quarante ans ou de faire évoluer le mix énergétique français vers d’autres sources», commente Didier Migaud, Premier président de la Cour des comptes.

Doublement des coûts de maintenance d’ici à 2025

Quelque soient les choix retenus, des investissements de maintenance lourds sont à prévoir pour EDF: la Cour estime qu’ils devront être doublés d’ici à 2025 (de 1,5 à 3,7 milliards d’euros par an) pour assurer la sécurité des réacteurs quadragénaires et se conformer aux recommandations formulées par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) à la suite des tests réalisés après Fukushima. Au final, le coût de production de l’énergie nucléaire augmenterait de 10% et, pour amortir ce coût, EDF «vise le prolongement des centrales jusqu’à soixante ans», estime la Cour des comptes.

Et c’est encore sans compter le coût de l’assurance des accidents: l’Etat «est l’assureur essentiel du risque nucléaire» à hauteur de 91 millions d’euros aujourd’hui. La Cour estime que ce montant devrait s’élever à 700 millions d’euros «au regard des dommages potentiels», même si les «conséquences catastrophiques» et le montant des indemnisations qui devraient être versées sont difficilement estimables. Impossibles à chiffrer également, les effets du nucléaire sur la santé ou l’environnement. «Cela souligne le fait que les coûts ne sont pas les seules variables à prendre en compte dans les décisions en matière de production nucléaire», conclut la Cour des comptes.