Dakar 2012: La passe de dix de Stéphane Péterhansel
RALLYE-RAID•Vainqueur à six reprises en moto, le Français remporte son quatrième Dakar en auto...Romain Scotto, à Lima (Pérou)
Même s’il attend parfois quelques années, rien ne résiste à Stéphane Péterhansel sur le Dakar. Depuis que la «course de sa vie» a changé de continent, pour s’installer durablement sur les terres des Gauchos et des Incas, il y a quatre ans, le pilote Mini avait perdu l’habitude de se dresser debout sur son capot, le trophée entre les mains. L’anomalie a été réparée dimanche à Lima, au Pérou, où le Français a complété sa collection d’une dixième victoire dans l’épreuve. La quatrième chez les autos, après en avoir raflé six en moto et établi le record absolu d’une discipline qui a trouvé son «plus grand champion de tous les temps», assène Luc Alphand.
Il y a vingt-et un ans, l’année de sa première victoire, jamais l’ancien pilote d’enduro n’aurait imaginé une telle razzia. Son rêve initial se limitait juste à «participer au Dakar en moto». Mais très vite, «Péter» a pris un abonnement à la victoire. «Sa grande force est de ne rien lâcher, enchaîne Alphand qui a eu affaire à lui quelques années. Il est très intelligent et super fiable. Il ne fait pas beaucoup de «croquettes» en piste. Il est très bon dans l’intox, sait rester dans la poussière quand il le faut, ne pas prendre des risques inconsidérés pour doubler.» En quelque sorte, l’anti Robby Gordon qui carbure pendant cinq jours et peut dégoupiller le lendemain.
Onze mois de préparation
Cette année, le pilote Mini a aussi profité d’un plateau moins fourni que les années précédentes pour enraciner son record. En l’absence de Volkswagen, seuls les Hummers étaient en mesure de l’inquiéter. Au sein de sa propre équipe, Nani Roma, deuxième au général, était un cran en dessous. «Dix Dakar, c’est vraiment quelque chose», s’incline l’Espagnol qui se sent proche de son premier adversaire. «Entre nous, il y a un respect professionnel et une sympathie personnelle. On a un peu le même style de vie. On n’a pas besoin de grand-chose pour passer de bons moments.»
Amasser les trophées du Dakar dans la cave de sa maison lui suffit amplement. Chez lui à Crans Montana, le Français prépare sa course pendant onze mois, quand il ne partage pas quelques brochettes avec son copain Cyril Desprès. Ses amis le décrivent comme un homme simple, toujours calme, quelles que soient les circonstances. En treize ans de collaboration, son copilote Jean-Paul Cottret n’a d’ailleurs aucun souvenir de panique au volant. «Parfois, il y a des petits coups de pression, ça monte cinq secondes et ça redescend aussitôt. La première fois qu’on a collaboré, en 1998 à Dubaï, on n’était pas d’accord au bout de dix bornes sur une option de navigation. Mais mon option était la bonne. Et puis on ne s’est plus quittés.»
Un avenir en camions?
L’histoire pourrait encore durer quelques années. A moins que sa gloutonnerie le pousse un jour à monter dans un camion, spécialité de sa femme, Andrea Mayer. «Il y a cinq six ans, je n’y pensais même pas, avoue l’homme aux dix victoires. Mais on doit pouvoir prendre du plaisir à piloter certains camions performants», concède celui qui ne se voit pas encore piloter avec Madame. «Ce serait le début de la séparation.» Mais aussi la première fois que quelque chose lui résiste sur le Dakar.