La promesse de François Hollande aux Antilles
POLITIQUE•Le candidat socialiste à la présidentielle propose des mesures spécifiques aux DOM...Maud Pierron, à Basse-Terre (Guadeloupe)
De notre envoyée spéciale en Guadeloupe
«Appelons le François II, après François Mitterrand! C’est le tour de notre nouveau François, un socialiste pur jus, le meilleur.» Quand il s’agit de chauffer la salle, Félix Desplan, sénateur socialiste de la Guadeloupe, n’y va pas par quatre chemins. Il faut dire qu’ici, François Hollande est en terrain conquis. Lors des primaires, la Guadeloupe a voté à 74% pour lui. Il est «l’homme politique français connaissant le mieux les «Outre-mer», jure Victorin Lurel, le patron de la région, que François Hollande a nommé directeur de campagne pour les Antilles.
Pour autant, si la Guadeloupe, et plus largement les DOM, soutient le candidat socialiste, elle en attend également beaucoup. C’est le message que des responsables de la gauche locale lui ont fait passer lors d’une rencontre samedi après-midi. Ils attendent des «éclaircissements» sur un certain nombre de sujets. «Ce sont des armes que nous te demandons. Il nous faut plus pour mobiliser au maximum les Guadeloupéens», réclame un élu.
Ces munitions pour battre la droite et mobiliser, le candidat les a distribuées lors d’un meeting tenu en soirée, sur la commune UMP de Basse-Terre. A 6.000 km de l’Hexagone, dans un département qui se sent souvent oublié par la métropole le candidat socialiste, n’a pas cessé de marteler un message: « L’Outre-mer est à sa place dans la République».
Sons et lumière
Le gymnase est loin d’être plein mais les tee-shirts et pancartes «la Guadeloupe avec Hollande» sont partout. Quelque 1.500 Guadeloupéens sont venus écouter «François l’Antillais», qui a fait une entrée tardive mais tonitruante, accompagné d’Harlem Désir et de Christiane Taubira. «L’Outre-mer c’est la France. Ce n’est pas une charge, ce n’est pas un fardeau, un coût pour la nation, c’est une chance, c’est une fierté», emballe le candidat, alors que l’éclairage fait des siennes, plongeant parfois le candidat – et la salle – dans une quasi-pénombre. La faute à l’UMP qui avait promis de «pourrir» le déplacement du candidat? Plus sûrement au générateur qui a lâché.
Du chômage, «davantage élevé» aux Antilles qu’en métropole, en passant par «la vie plus chère» jusqu'aux «inégalités insoutenables», Hollande a dressé l’inventaire des maux des DOM, qui n’ont finalement pas tant changé depuis le long conflit social et syndical de 2009. «Qu’avons-nous vu?», après ce mouvement a demandé Hollande. «Des mots, c'est-à-dire rien, ce qui explique qu’aujourd’hui encore le malaise est là et que la colère gronde». Et de lancer: «Vous vous tournez vers moi pour demander à la République de tenir sa promesse».
Des «contrats jeunes spécifiques pour l’Outre-mer»
Lui promet de nouveaux moyens donnés à l’école et à la maternelle, conformément à son programme, alors que la Guadeloupe a été durement touchée par les suppressions de postes. Il veut aussi - «une priorité» - multiplier les universités en outre-mer pour que les jeunes ultra-marins puissent étudier, puis vivre chez eux. Et pour repeupler les déserts médicaux que sont les DOM, notamment la Guadeloupe, il propose que les médecins soient formés en Outre-mer. Pour la jeunesse locale, il annonce la multiplication de «contrats aidés pour ces jeunes», via «le contrat de génération» mais aussi des «contrats spécifiques pour l’Outre-mer». Autre annonce qui parlera aux locaux: la lutte contre la vie chère en jouant sur les marges. Et, pourquoi pas, créer une «cité des Outre-mer à Paris» pour relier la métropole à ses îles lointaines.
«L’égalité sera le maître mot de la politique que je veux conduire en Outre-mer», promet encore le candidat qui veut instaurer un nouveau contrat entre l'Etat et les DOM: «Vous décidez des actes, la République vous apporte sa présence, son engagement». De Paris à Basse-Terre, Hollande conserve sa «cohérence» et répète son mantra: «Je ne viendrais pas devant vous avec des promesses que je ne pourrais pas tenir». Les militants ne lui en tiennent pas rigueur et l'ovationnent. Mieux, un zouk en son honneur retentit dans le gymnase, couvrant de timides «François président!».