VOILEJean-Pierre Dick: «On s'est montré en patrons»

Jean-Pierre Dick: «On s'est montré en patrons»

VOILEEn équipage avec Jérémie Beyou sur Virbac-Paprec 3, le navigateur niçois est très proche d’une troisième victoire dans la transat Jacques-Vabre...
Propos recueillis par B.V.

Propos recueillis par B.V.

«Je ne connais pas le Costa Rica, ce sera la première fois». Et quelle première! Vendredi entre 7h et 15h, si tout se passe bien, Jean-Pierre Dick et son équipier Jérémie Beyou passeront la ligne d’arrivée de la transat Jacques-Vabre, sur le rivage de Puerto Limon. Pour Dick, ce sera la troisième victoire dans l’épreuve, après 2003 et 2005. Et sans doute la plus large. Un sentiment fort, qu’il partage depuis son bateau au beau milieu des Caraïbes.

A quelques miles de l’arrivée (environ 150 à l’heure de l’interview), le stress ne vous envahit pas trop?
Ca va très bien! On approche de l’arrivée, la santé est bonne et le bateau est en bon état. Le gros point d’interrogation, c’est de ne pas tomber dans un trou d’air qui permettrait à nos concurrents de nous contourner. Mais bon, on est confiant. Hugo Boss est à 130 miles derrière, il faudrait qu’il aille deux fois plus vite que nous, il y a très très peu de chances que cela arrive, ce serait un exploit.

Quels ont été les moments forts de la course?
Le départ et son report (de trois jours) ont eu une dimension psychologique forte. Cela a influé sur le mental des navigateurs, il y a eu beaucoup de discussions. Ensuite, c’est au moment de décider quelle route nous allions prendre avec Jérémie. On a choisi de prendre par le Nord, certains sont restés englués dans une dorsale, c’est là que s’est jouée la course. C’était une course très musclée, très rapide. On a agi en patrons, on a pris les bonnes décisions, la bonne stratégie. C’est important d’être perçus comme tel, ça donne de la confiance avant les prochaines courses (le Vendée Globe, l’an prochain).

Votre duo a-t-il bien fonctionné?
Très bien oui. On est tout le deux bien élevés, polis. On essaie de trouver les solutions ensemble. On arrive bien à discuter, à faire la part des choses. Nous avons vraiment fonctionné en équipe, c’est une force.

C’est votre troisième victoire dans l’épreuve qui se dessine…
Oui… J’ai du mal à réaliser. Il y a peu de gens qui l’ont fait. J’ai du mal à expliquer pourquoi certaines courses, et notamment celles en duo, me réussissent mieux que d’autres. Gagner remet du feu dans la cheminée, je suis très fier pour les partenaires, l’équipe, nous, tout le monde.

Etes-vous déjà allé au Costa-Rica?
Non. Mais je connais les pays alentours, le Panama et surtout le Honduras. Cela reste un très mauvais souvenir. C'est là que mon père est décédé sur son bateau. J'avais 26 ans, ce fut un choc frontal, quelque s’est cassé. J'y ai pensé cette nuit, j'ai eu la larme à l'œil. Je ne sais pas comment il aurait pris mon choix de faire carrière dans la voile et de délaisser les affaires commerciales de l'entreprise. Je pense que finalement, il aurait été très fier de moi.