Les futurs DJsont à l'écoute
Santé Des cours sur les risques auditifsCaroline Girardon
Quand il mixe, Julien, 24 ans, aime ressentir la musique et capter le détail de chaque note. Le jeune homme, apprenti DJ en formation à Lyon, ne porte quasiment jamais de bouchons. « Ça me gêne, j'ai vraiment du mal à entendre », argumente-t-il. Comme lui, la majorité de ses camarades, bien que conscients du risque encouru, minimisent le danger. L'école des DJ de Lyon a donc décidé d'inclure dans son programme des cours de prévention autour des problèmes auditifs.
En danger au-delà de 80 décibels
« Cette question-là est fondamentale, nous voulons les sensibiliser mais sans forcer personne, précise Pascal Tassy, le directeur de l'établissement. Il s'agit simplement de les mettre devant leur responsabilité ». DJ Getdown, enseignant depuis dix ans, réfractaire aux bouchons, insiste pourtant lui aussi sur la prévention. « J'ai la chance d'avoir une excellente audition mais certains de mes amis ont aujourd'hui de graves problèmes. Pour avoir plus de confort on a tous tendance à monter le volume du casque, et là ça peut faire mal ». La limite de surexposition au bruit débute à partir de 80 décibels, sachant que le volume de la plupart des boîtes de nuit est réglé sur 105 dB. « Parfois on s'abîme l'oreille sans s'en rendre compte », explique Jean-Louis Horvilleur, audioprothésiste intervenant régulièrement auprès des élèves. Ce seuil, Julien l'a souvent franchi, avouant avoir été victime d'acouphènes pendant une semaine. « Ça m'a fait réfléchir même si je n'ai pas acheté de prothèses ». Son amie Sophia, 20 ans, avance un argument économique. « Si l'on veut des bouchons sur mesure, il faut débourser 150 euros non remboursés par la Sécu et la mutuelle. Et les bas de gamme filtrent mal le son ».