INTERVIEWIsraël/Iran: «C'est une manière de dire qu'une attaque est faisable maintenant et qu'après, il sera trop tard»

Israël/Iran: «C'est une manière de dire qu'une attaque est faisable maintenant et qu'après, il sera trop tard»

INTERVIEWBarah Mikaïl, spécialiste du Proche-Orient, revient sur les propos offensifs du président israélien, Shimon Peres, à l'égard de l'Iran...
Propos recueillis par Corentin Chauvel

Propos recueillis par Corentin Chauvel

Le président israélien, Shimon Peres, a estimé vendredi que la perspective d'une option militaire contre l'Iran pour l'empêcher d'obtenir l'arme nucléaire se rapprochait. Contacté par 20Minutes, Barah Mikaïl, directeur de recherche à la Fondation pour les relations internationales et le dialogue extérieur (Fride), estime qu’il s’agit d’une déclaration contradictoire de plus et que le consensus pour aboutir à une telle attaque n’existe pas encore.

Comment interpréter les propos de Shimon Peres?
Sur le risque de s’engager dans un scénario d’attaque de l’Iran par Israël, je crois qu’il y a plus de chances pour que ce soit non. Il s’agit plus d’une mise en garde et d’une volonté de rassembler et mobiliser des alliés potentiels contre l’Iran et son arsenal militaire. Ces propos sont conformes à une rhétorique tenue par Israël ces dernières années. Encore récemment, Benjamin Netanyahou disait qu’il fallait qu’Israël se prépare à toute éventualité au niveau régional.

Pourquoi ce regain de tension maintenant?
Il y a un climat de tension et des positions menaçantes depuis un moment. Il y a également une conjonction de positionnements anti-iraniens après les récentes tensions entre l’Arabie saoudite et l’Iran. Israël ne fait que rebondir et veut jouer sur une corde qui ne laisserait pas insensibles les Etats-Unis. C’est une manière de leur dire qu’une attaque est faisable maintenant et qu’après, il sera trop tard. De son côté, si l’Iran menace rhétoriquement, elle ne peut pas hâter un scénario contre elle. Les Iraniens veulent préserver un maximum de moyens pour construire ses capacités offensives et défensives.

Quelles seraient les conséquences d’une telle attaque?
Les risques d’un débordement seraient très conséquents pour la région dans un sens large. Si Israël lance des attaques ciblées, les Iraniens ne répondront peut-être pas avec des missiles car Israël dispose d’un bouclier anti-missile américain, mais en activant leurs cellules en Afghanistan et en Irak. Il en résulterait des attentats contre les intérêts occidentaux dans ces pays.

De quel soutien bénéficierait Israël s’il s’attaquait à l’Iran?
Si la possibilité reste posée, Israël a besoin de poids pour mener une telle opération. Or, les présidents français et américain, qui sont en période électorale, n’ont pas besoin de s’embarrasser d’un embrasement de la région et l’Iran n’est pas la Libye. Ils vont essayer de tempérer les ardeurs et de retarder au mieux une telle attaque car il y a un risque de déstabilisation. Cependant, depuis son arrivée au pouvoir, Nicolas Sarkozy a eu des positions plus menaçantes que celles de George W. Bush à l’égard de l’Iran et l’engagement de la France serait pro-israélien. En revanche, la Chine et la Russie joueraient le jeu de l’Iran avec un soutien verbal, voire armé.