Londres est sur les rails pour les Jeux olympiques
REPORTAGE•La capitale britannique se met en ordre de marche pour transporter dix millions de spectateurs pendant les six semaines de compétition...Audrey Chauvet
De notre envoyée spéciale à Londres.
Les records de vitesse resteront dans le stade des Jeux olympiques. Ailleurs dans Londres, qui accueillera les prochains Jeux d’été du 27 juillet au 14 septembre 2012, il faudra s’armer d’une bonne dose de flegme britannique pour se déplacer. A neuf mois de l’arrivée de la flamme olympique, la capitale anglaise se prépare à transporter plus de 10 millions de visiteurs, qui s’ajouteront au million de «commuters» quotidiens. Transport for London (TfL), la régie de transports de la capitale, est sur le pied de guerre.
Moins vite, moins fort, moins haut?
Train, métro, bus, pistes cyclables… Tous les chemins mènent au Parc olympique, construit comme un mille-feuille de routes et voies ferrées: pas moins de neuf lignes de métro desservent les trois stations proches du Parc. La plus récente, Stratford International, accueille même un train grande vitesse qui relie le site des JO aux gares de St Pancras et King’s Cross, en plein centre de Londres, en seulement sept minutes. «Une carte de transport public est incluse dans l’achat d’un billet pour assister aux compétitions, explique Graham Stephens, directeur de la coordination des JO chez TfL. Les horaires vont être ajustés pour coller avec les épreuves et les navettes avec le centre de Londres seront plus fréquentes.»
Et la voiture? Les organisateurs ne veulent pas en entendre parler: ils veulent saisir l’occasion des JO pour réduire de 30% le trafic automobile dans la capitale, déjà soumise à un péage urbain. «Des routes vont être fermées et ce sera trop difficile de venir en voiture», explique Graham Stephens, qui compte sur la campagne de communication pour convaincre les Londoniens. «Les JO sont une opportunité pour changer la manière de se déplacer, poursuit-il. Il faut se demander: "Ai-je vraiment besoin de faire ce trajet?" et peut-être travailler différemment, de chez soi ou en supprimant les réunions physiques inutiles! Il faut adopter un rythme plus cool, ralentir.»
Keep calm and carry on
Le trafic automobile et les réseaux de transport seront surveillés de près grâce au système de coordination des transports: dans les locaux de TfL, un open-space peuplé d’écrans de contrôle constitue le centre du dispositif STTOC (Surface transport and traffic operation center). «Nous pouvons intervenir sur les feux de signalisation aux carrefours et suivre tout ce qui se passe dans les transports en commun avec les caméras de surveillance et les messages des chauffeurs, explique Alan Bristow, directeur du trafic de surface chez TfL. Nous comptons sur une réduction du trafic de 30% grâce aux messages et aux mesures prises par les employeurs». Et aussi grâce aux congés d’été, pendant lesquels les Londoniens pourraient déserter la capitale olympique.
Malgré le «wishful thinking» des organisateurs, de nombreuses inquiétudes pèsent sur la Jubilee Line, une ligne de métro historique qui dessert tous les sites des JO, ainsi que le centre touristique de Londres et le quartier d’affaires de Canary Wharf. «Il y aura forcément des retards, des loupés, des encombrements, admet Graham Stephens. Et bien, restons calmes, et allons boire une bière en attendant que les choses rentrent dans l’ordre.» Ou allons donc faire un peu de shopping: Londres n’a pas oublié que les JO étaient aussi une immense manne financière. Pour aller de la sortie du métro Stratford au site des Jeux, les 250.000 visiteurs quotidiens du Parc olympique devront traverser rien de moins que le plus grand centre commercial d’Europe: Westfield, une ville dans la ville avec ses 300 magasins, ses 70 restaurants et cafés, sans oublier les cinémas, bowlings, hôtels,… «Faire de l’argent est un des objectifs des JO», admet Graham Stephens, décomplexé comme un anglo-saxon sur le sujet. De quoi renflouer les caisses de la ville, qui a investi 6,5 milliards de livres sterling (7,5 milliards d’euros) dans l’amélioration et construction de transports urbains à l’occasion des JO.