Pour tout comprendre sur l'affaire Jeannie Longo
CYCLISME•La sportive préférée des Français risque de trois mois à deux ans de suspension pour avoir enfreint les règles de localisation dans la lutte anti-dopage...B.V.
Jeannie Longo risque gros. A 52 ans, la sportive préférée des Français pourrait bien voir sa carrière prendre un tournant inattendu, avec une suspension pouvant aller de trois mois à deux ans pour avoir manqué au règlement sur la localisation des sportifs de haut niveau. Ce qui pourrait la priver des prochains Mondiaux (du 19 au 25 septembre prochain), et dans le pire des cas, des Jeux Olympiques de Londres l’été prochain. Explications.
Que lui reproche-t-on?
C’est une situation similaire à celle qui a coûté sa place en Coupe du monde au rugbyman français Yoann Huget. Jeannie Longo, tout comme Huget il y a deux mois, a enfreint les règles de localisation de l’AFLD, Agence Française de la Lutte contre le Dopage. Comme tous les sportifs de haut niveau, Jeannie Longo doit pouvoir être localisée quotidiennement entre 6h et 23h, avec un créneau préférentiel d’une heure, afin d’être trouvable pour un éventuel contrôle anti-dopage inopiné. Selon l’Equipe, la multiple championne du monde aurait par deux fois donné des informations trop peu précises sur sa location. Et enfin, le 20 juin dernier, elle aurait manqué un contrôle anti-dopage à l’hôtel où elle était censée résider aux Etats-Unis. Après ces trois avertissements, l’AFLD a transmis une procédure d’infraction à la FFC (Fédération Française de Cyclisme) qui va bientôt engager une procédure disciplinaire, après avoir entendu la championne de France en titre du contre-la-montre.
S’est-elle dopée?
En aucun cas ce constat d’infraction ne signifie que Jeannie Longo a fait l’usage de produits dopants. L’AFLD reproche à Longo de ne pas avoir su se rendre administrativement disponible pour un contrôle anti-dopage, dans le cadre d’une procédure de prévention très lourde. Par la voie d’un communiqué, transmis par son avocat à l’AFP, Jeannie Longo s’est étonnée d’être «considérée comme faisant toujours partie du groupe-cible d'athlètes de haut niveau astreints à l'obligation de localisation alors qu'en principe cette désignation dont elle a fait l'objet en 2008 est limitée à une durée d'un an».
Cependant, Joe Papp, un ancien pro banni en 2006 par l’UCI pour avoir manqué des tests et ayant avoué par la suite avoir vendu des produits dopants, a déclaré à Velonation.com «qu’il ne serait pas étonné qu’on l’appelle pour témoigner dans cette affaire». «Je n’ai pas encore été appelé pour témoigner dans l’affaire Longo, mais il ne me surprendrait pas que, compte tenu de mes activités en tant qu’intermédiaire entre plusieurs cyclistes professionnels et amateurs et les vendeurs chinois d’EPO de la marque Eposino-brand, et de HGH (human growth hormone, des hormones de croissance) de la marque Jintropin, l’on me demande de raconter mes transactions avec un certain client qui a acheté de l’EPO.»
Que risque-t-elle?
La procédure disciplinaire de la FFC prévoit, en accord avec l’AFLD, une suspension pouvant aller de 3 à 24 mois. Yoann Huget, qui a fourni de très bonnes explications pour les mêmes griefs, s’en est par exemple sorti avec un arrêt forcé de trois mois. A Jeannie Longo de bien se défendre, donc. «De deux choses l'une: ou les non-localisations peuvent pour certaines être expliquées par un cas de force majeure, et ce sera à Jeannie Longo de s'expliquer, ou bien la commission juge que les arguments ne sont pas suffisamment valables et là il y a sanction, qui peut aller de trois mois à deux ans, explique à l’AFP David Lappartient, président de la FFC et en charge de la commission disciplinaire. Ce n'est peut-être pas trop son truc d'aller se localiser sur Internet quand elle change d'hôtel.» Lappartient, qui promet d’être «impartial et objectif», devrait convoquer très prochainement Jeannie Longo devant la commission disciplinaire de première instance de la Fédération.