ECONOMIELe ramadan dope les ventes de produits halal

Le ramadan dope les ventes de produits halal

ECONOMIEDurant le ramadan, les ventes de produits halal sont multipliées par deux. Des perspectives qui aiguisent les appétits des industriels et des distributeurs...
Mathieu Bruckmüller

Mathieu Bruckmüller

Le ramadan, qui a commencé lundi en France, représente un enjeu économique de taille. Sur les cinq millions de musulmans présents en France, 71% d’entre eux, selon un sondage Ifop pour La Croix, comptent jeûner du lever au coucher du soleil. Pour compenser les privations de la journée, la nuit est marquée par la consommation d’une profusion de denrées.

«On note une forte consommation de produits comme les sodas, les feuilles de brique, les dattes, la semoule. Mais la demande est aussi très élevée pour les produits halal», analyse Abbas Bendali, directeur du cabinet marketing Solis.

Un marché de 5,5 milliards d’euros

Une aubaine pour les industriels et les distributeurs. En effet, le marché du halal pèse plus que le bio. Il a représenté 5,5 milliards d’euros l’an dernier et devrait enregistrer de nouveau une croissance à deux chiffres en 2011. «Le chiffre d’affaires généré à l’occasion du ramadan devrait avoisiner les 400 millions d’euros. Durant, cette période, qui dure 29 jours, les ventes sont multipliées par deux par rapport aux autres mois de l’année», poursuit Abbas Bendali.

Et l’essentiel du marché est accaparé par les petits commerces de quartiers et les supérettes. Ces derniers vendent principalement de la viande, même s’ils se mettent à diversifier leur offre avec de la charcuterie et des plats cuisinés à l’instar du hachis parmentier halal.

Les grandes et moyennes surfaces en embuscade

En effet, depuis quelques années, les grandes et moyennes surfaces (GMS) grapillent des parts de marché. Selon le cabinet Nielsen, cité par le magazine LSA, elles ont réalisé 130,1 millions de chiffres d’affaires sur les produits halal.

A l’instar des marques historiques (Dounia, Isla Délice, Rehalal…), des acteurs comme Fleury Michon, Herta, Knorr, Labeyrie, Liebig ou Maggi ont initié une déclinaison halal de leurs produits. «Ils enregistrent, globalement, une hausse importante de leur notoriété auprès des consommateurs», souligne Abbas Bendali.

Mais les distributeurs ne sont pas en reste. Le numéro deux mondial, Carrefour, a lancé début 2011 sa gamme halal. Tout comme Casino.

Les commerces traditionnels en avance

«La force des GMS, c’est leurs prix», estime Abbas Bendali. Mais les commerces traditionnels ont une sacrée longueur d’avance. Les consommateurs leurs font toujours davantage confiance. La polémique autour des traces de porc retrouvées dans des saucisses Herta halal en janvier dernier n’a rien arrangé. A l’époque, Casino avait décidé de les retirer de ses rayons.

Depuis lundi, le débat sur l’opacité du système de certification halal a d’ailleurs été relancé. Suite à la diffusion d’un reportage sur Canal +, huit élus locaux d'origine musulmane ont demandé la mise en place d’une commission d'enquête parlementaire sur le marché du halal «dont certaines pratiques commerciales peuvent s'apparenter à de l'escroquerie».