EMPLOICurriculum vitae: Les expériences à l'étranger sont-elles vraiment un plus?

Curriculum vitae: Les expériences à l'étranger sont-elles vraiment un plus?

EMPLOILes parcours professionnels effectués dans destinations paradisiaques ne sont pas toujours bien vus des recruteurs...
Céline Masfrand

Céline Masfrand

Soleil, sable fin et…boulot. L’addition peut paraître inopportune mais les personnes qui se sont expatriées un temps pour travailler à l’étranger ont toutes connu la difficulté d’associer travail et environnement paradisiaque. Dans la jungle professionnelle, ces candidats qui cumulent les expériences à l’étranger ne sont pas toujours bien vus. Dans le jargon des ressources humaines, on appelle cela le syndrome du CV «cocotier» ou encore le CV «carte postale». Le souci de ce type de CV qui fait rêver? L’appréhension de certains recruteurs pas toujours friands de ces parcours atypiques et qui doutent parfois de la fiabilité des missions confiées aux expatriés.

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Risque de l’étiquette

du «vacancier» ?

Même si la plupart des entreprises tournées vers l’international voient ces expériences à l’étranger comme un plus, toutes ne sont pas forcément du même avis. «Partir à l’étranger pour une expérience professionnelle est un plus si la mission en vaut le coup», explique un chargé de recrutement à 20Minutes. Concrètement, à la lecture de votre CV, deux réactions peuvent surgir si vous avez un parcours plutôt exotique: soit le recruteur valorise vos expériences et apprécie votre capacité de mobilité, soit, au contraire, il vous collera très vite l’étiquette de «vacancier».

Benjamin, jeune commercial, a d’ailleurs dû défendre son expérience professionnelle espagnole «encore plus que si cela s’était passé en France. J’avais des missions sérieuses en Espagne, mais quand je suis rentrée en France, à chaque fois les recruteurs faisaient référence à la fête espagnole, au soleil et relayaient au second plan mes missions. Au final, cette expérience m’a plutôt desservie», explique le jeune homme.

«Gage de débrouillardise»

. J’avais des missions sérieuses en Espagne,

Benjamin, jeune commercial, a d’ailleurs dû défendre son expérience professionnelle espagnole «encore plus que si cela s’était passé en France. J’avais des missions sérieuses en Espagne, mais quand je suis rentrée en France, à chaque fois les recruteurs faisaient référence à la fête espagnole, au soleil et relayaient au second plan mes missions. Au final, cette expérience m’a plutôt desservie», explique le jeune homme.

«Gage de débrouillardise»


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Benjamin, jeu

ne commercial, a d’ailleurs dû défendre son expérience professionnelle espagnole «encore plus que si cela s’était passé en France. J’avais des missions sérieuses en Espagne, mais quand je suis rentrée en France, à chaque fois les recruteurs faisaient référence à la fête espagnole, au soleil et relayaient au second plan mes missions. Au final, cette expérience m’a plutôt desservie», explique le jeune homme.

«Gage de débrouillardise»

Mais tous les recruteurs ne considèrent pas comme une bête noire les expériences à l’étranger. «Elles sont toujours un plus pour la pratique d’une langue étrangère mais c’est aussi un gage de débrouillardise et de mobilité des candidats», souligne Matthieu Beaurain, directeur du cabinet de recrutement Lincoln Associates. Finalement, ce n’est pas tant le lieu de la mission qui est important, mais la mission en tant que telle. «Ce n’est pas parce qu’on va à l’étranger que les missions sont intéressantes. Mais à l’inverse, ce n’est pas non plus parce qu’on quitte la France qu’on aura des missions de fond de placard», précise Matthieu Beaurain.

Alors entre Paris et une mission béton et Papeete et une mission bidon, il faut bien réfléchir. Et c’est justement souvent ça le problème: «Les candidats sont plus souvent charmés par la destination d’un emploi que par ses missions, d’où le risque », précise un chargé de recrutement à 20Minutes.

Pas de références…

Iris, étudiante en communication, a enchaîné les expériences professionnelles à l’étranger (Espagne, Italie et Chili) et avoue que c’est «humainement intéressant» mais que cela reste néanmoins une barrière à l’heure du recrutement: «Je suis partie faire un stage au Chili, malheureusement, l’entreprise dans laquelle je travaillais n’avait aucun moyen. Mon stage n’a donc pas été formateur. Au final, j’ai plus apporté à entreprise qu’elle ne m'a apportée.», regrette l'étudiante.

Lors d’entretien à son retour en France, la jeune femme a dû « justifier » ses expériences à l’étranger: «Les recruteurs veulent souvent des explications en profondeur concernant les missions qu’on a eues à l’étranger, plus que si j'étais restée en France. Il est difficile de valoriser ces expériences car ce sont souvent des petites PME locales qui embauchent des étrangers, et les missions sont donc souvent légères». Autre écueil: difficile pour les recruteurs de contacter directement les entreprises étrangères pour avoir un retour sur le travail que le candidat a effectué.

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Expériences à l’étranger, victi

mes d’amalgames?

Alors, partir à l’étranger oui, mais «il faut avoir les bagages suffisants pour être actif sur place et pouvoir en retirer une expérience significative qui aura une valeur aux yeux des recruteurs une fois de retour en France, insiste Matthieu Beaurain. Et garder en tête les risques d’une telle expérience: missions bateau, barrière de la langue, difficulté d’adaptabilité et donc peu d’efficacité dans le travail et, surtout, le face-à-face parfois rude avec des recruteurs dubitatifs, qu'il vous faudra convaincre une fois de retour», termine-t-il.