RUGBYMais où se cachent les repreneurs du Stade Français?

Mais où se cachent les repreneurs du Stade Français?

RUGBYLe nouvel argentier du Stade Français est installé à Montréal, mais demeure bien mystérieux...
Matthieu Payen à Montréal

Matthieu Payen à Montréal

«Au sujet du dossier du Stade Français. Facem est une société privée, elle se réserve le droit de ne pas commenter pour le moment la nouvelle. Nous vous ferons part ultérieurement d’un communiqué officiel de la direction.» Joindre la Facem (Fondation pour l’amélioration des conditions de l’enfance dans le monde) n’est pas aussi simple qu’un coup de téléphone.

Mais le message de boîte vocal ne laisse aucun doute sur l’intérêt que suscite cette association canadienne à visée caritative. Cette fondation, créée en 2002 et qui emploie entre 1 et 5 personnes, vient en effet de s’engager dans un plan de reprise du Stade Français s’élevant à 12 millions d’euros, en partenariat avec Bernard Laporte. A cet effet, une société répondant au nom de Rugby développements et au capital de 25 000 euros (12 250 euros apportés par Laporte, 12 750 euros apportés par la Facem) a été créée. Cette entente a été signée par Armand Hugolin Kongo, vice-président de la Fondation, domicilié à Amiens.

A côté d’un restaurant Houster

Nous nous sommes donc rendu à l’adresse indiquée sur le site Internet de la fondation: 6000 Boulevard Métropolitain Est, Suite 306, Montréal. Cette adresse est d’ailleurs la même que celle de la société d’investissement Fadesm (Fondation pour l’aide au développement économique et social dans le monde) qui, selon le registre des entreprises du Québec, est un autre nom d’usage de la même entité. De plus, si l’on en croit les informations disponibles sur Internet, cette Suite 306 héberge aussi l’agence web Jired Inc. l’entreprise d’abonnement téléphonique MaxMinute ainsi que l’opérateur VoxCitel, dont le site web n’est qu’une façade. Coïncidence? Non, toutes ces structures sont dirigées par un seul homme, Job Ariste, un entrepreneur de 36 ans né à Haïti et diacre baptiste.

Ce dernier a, semble-t-il, choisi la discrétion de l’arrondissement Saint-Léonard dans l’est de Montréal pour installer sa «holding», bien loin des hautes tours de verre du centre-ville. Au rez-de-chaussée du modeste bâtiment de trois étages, on trouve un resto-bar Houster, connu pour ses serveuses courtes vêtues et un vendeur de jeu vidéo. Le tout donnant directement sur le boulevard Métropolitain, une voie rapide extrêmement fréquentée.

Des bureaux désertés

Un gros panneau garde l’entrée: «Le 6000», est-il indiqué. Par chance, la petite porte n’est pas fermée. D’ailleurs, rien n’est fermé. Les murs sont tapissés d’avertissements de surveillance caméra afin de dissuader les curieux, mais personne ne nous a interdit l’accès. On est loin – tant mieux – des entrées verrouillées de grands sièges sociaux.

Dans l’entrée, un panneau argenté indique les noms de la dizaine d’entreprises présentes dans l’immeuble. Il est indiqué « 306 : Wicom International Inc. » et juste au-dessus, on peut lire «304 : Facem». A priori nous cherchions la « Suite 306 », mais… Troisième étage, nous voilà rendus. Personne dans le couloir, mais nous entendons de l’activité. L’immeuble n’est pas désaffecté, il est même bien entretenu. On dirait un hôtel, le terme « suite » n’est pas galvaudé. Nous sonnons, puis frappons à la 304. Pas de réponse. Un employé de l’immeuble sort d’une autre pièce et nous indique que les personnes travaillant dans ces locaux conçoivent des terminaux bancaires, mais qu’ils ne viennent pas souvent au bureau.

Où est passé Job Ariste?

Nous tentons donc notre chance à la 306. La porte s’ouvre et un homme en short se pose dans l’entrebâillement. Ils nous expliquent qu’il a installé il y a 6 mois son entreprise d’hébergement de site web dans ces locaux. En revanche, il ne connaît ni la Facem, ni Ariste. Il ajoute que les bureaux entre la 304 et la 306 communiquaient auparavant mais que ce n’est plus le cas.

Il semblerait qu’il y ait eu des changements récents dans les affaires de Job Ariste. Nous décidons de contacter la société Wicom International Inc., qui a occupé la fameuse Suite 306. La boîte vocale indique que Job Ariste travaille bien dans cette entreprise et, miracle, une personne décroche. Pourtant, une fois renseignée sur l’objet de notre appel, cette personne, qui dit s’appeler Emmanuel, ne veut pas nous indiquer l’adresse du siège de l’entreprise (celle qui est référencée sur Internet n’existe pas). Il ajoute, après hésitation, qu’il ne peut pas nous mettre directement en contact avec Job Ariste, mais que ce dernier nous appellera. Nous attendons toujours son appel.

Les explications de Stéphane Benhamou

Fondateur de Herios Finance, un cabinet lyonnais de gestion de patrimoine, Stéphane Benhamou est l’homme par qui Bernard Laporte a rencontré les futurs repreneurs du Stade Français. «Sans mon intervention, la Fadesm/Facem ne serait jamais intervenu dans le sauvetage du club», rappelle-t-il à 20minutes.fr. Benhamou connaît et collabore avec la fondation canadienne depuis trois ans. Il confirme que le siège social est bien la suite 306 située dans la banlieue de Montréal et laisse entendre que cette adresse tient surtout de la boîte postale. «Les collaborateurs de la Facem sont dans le monde entier. Ils sont sur le terrain et jamais à Montréal, justifie Benhamou. Ca me fait bien rire quand je vois des photos du siège dans certains journaux. Si vous vous attendiez à voir des bureaux avec un portail en or, ce n’est pas là-bas qu’il faut aller. On parle d’une fondation à but humanitaire, on n’est pas là pour injecter de l’argent pour des bureaux où peu de personnes vont travailler.»