Veggie Pride 2011: «Il faut rééduquer les gens, changer le contenu de leurs assiettes»
ENTRETIEN•Julien Ariza, l'un des organisateurs de la manifestation, défend le refus des végétariens de manger de la viande...Propos recueillis par Corentin Chauvel
Refuser de manger des animaux par souci des animaux. C’est autour de ce principe que les participants de la Veggie Pride 2011 vont défiler samedi dans les rues de Paris. Parmi eux des végétariens (qui ne mangent aucune chair animale: viande, poissons, crustacés) et des végétaliens (qui ne mangent ni chair animale ni laitages, œufs et miel). Julien Ariza, qui se définit comme le «chef d’orchestre» de la manifestation, donne à 20Minutes les clés pour comprendre son mouvement.
Comment définir la Veggie Pride: anti-viande ou pro-végétarisme?
Cela semble être assez anti-viande, même si on n’évoque jamais cette terminologie. Il existe déjà des événements pro-végétarisme, avec une approche gastronomique et conviviale. Mais nous, on est dans le coup de gueule, ce n’est pas un mouvement prétexte à la joie, ce n’est pas rigolo ce que l’on montre. On est perçus comme agressifs, mais c’est à cause du déni des gens qui ne veulent pas voir la réalité de la mise à mort des animaux. Avec la Veggie Pride, il s’agit de remettre en question la viande d’un point de vue éthique, mais il y a plusieurs autres aspects également. On insiste sur le droit au végétarisme car le débat public n’existe pas. Beaucoup de gens pourraient y adhérer mais ne le font pas à cause de la pression sociale, le fait de rester dans la norme. Sur le modèle de la Gay Pride, on veut que les végétariens fassent leur coming out.
Cette année, ce sont les 10 ans de la Veggie Pride. Quel sera le programme?
Le matin sera consacré aux discours des associations participantes. Chacune a son objectif précis. Il y aura également des happenings pour donner de la visibilité au mouvement avec notamment un flash mob et un cortège dans l’après-midi. Mais, la Veggie Pride n’est ni identitaire ni communautaire. Nous voulons sortir des clichés. On a souvent envie de nous enfermer dans une case, mais on est d’une diversité infinie, il y a des individus de tous les horizons parmi les végétariens. Notre seul point commun, c’est le refus de manger des animaux.
Croyez-vous à un avenir sans viande?
On fonctionne tous avec des utopies, c’est ce qui nous fait agir, même si l’on sait que l’abolition de la viande dépend plus d’enjeux écologiques et économiques que d’enjeux éthiques. Il y a toute une culture culinaire à créer et en France, c’est le plus difficile à cause de sa tradition gastronomique. Il faut rééduquer les gens, changer le contenu de leurs assiettes. Nos adversaires nous réduisent à de la salade et des carottes, mais le végétarisme est bien plus varié. A l’heure de la mondialisation, on arrive à sensibiliser de plus en plus et dans quelques dizaines d’années, notre part sera plus importante. Cela fait onze ans que je suis végétarien, six ans que je suis végétalien, et aujourd’hui, les gens s’y mettent beaucoup plus vite.
L’affaire de la bactérie tueuse risque-t-elle de porter un coup au végétarisme?
Et dire que nous faisons la promotion des graines germées! C’est un super aliment pourtant avec des normes d’hygiène très simples. Là, c’est un cas particulier, étrange, je pense que les gens ne savent plus quoi manger! De manière générale, il y a plus de risques dans les produits animaux et beaucoup moins d’inquiétudes dans le végétarisme. Mais on ne parlera pas de cette affaire à la Veggie Pride, on a déjà assez d’autres messages à faire passer.