JUSTICEAffaire Bettencourt: L'avocat de la mère dans la ligne de mire de la fille

Affaire Bettencourt: L'avocat de la mère dans la ligne de mire de la fille

JUSTICEAprès François-Marie Banier, Pascal Wilhelm est mise en cause par Françoise Bettencourt-Meyers...
© 2011 AFP

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Malgré une réconciliation en grande pompe fin 2010, Françoise Bettencourt-Meyers s'attaque aujourd'hui à l'avocat et homme de confiance de sa mère, craignant une nouvelle fois qu'un cercle de personnes intéressées mette en péril les intérêts de l'héritière de l'Oréal.

Mardi, la fille unique de la milliardaire a adressé une requête à la juge des tutelles de Courbevoie (Hauts-de-Seine), mettant en cause plus particulièrement Pascal Wilhelm, désigné par sa mère pour gérer sa fortune en cas de mise sous protection, a indiqué une source judiciaire, confirmant une information du Monde.

Enquête du bâtonnier de Paris

Le bâtonnier de Paris, Jean Castelain, a indiqué ce mercredi à l'AFP avoir lancé une «enquête déontologique» pour «éclairer» le rôle de l'avocat de Liliane Bettencourt, Pascal Wilhelm, dans les récents investissements de la milliardaire, confirmant une information du Parisien.

Elle demande à la juge de se pencher sur les conditions d'exécution de ce mandat, contracté fin janvier, alors que la juge a rendu le 25 mars une ordonnance constatant la nette altération «des facultés cognitives» de Liliane Bettencourt, souffrant d'une «maladie cérébrale et d'une grande surdité». La juge souligne son incapacité à gérer seule son patrimoine.

Cette ordonnance avait été rédigée après le désistement de Françoise Bettencourt-Meyers de sa demande de mise sous tutelle, pour demander à la Cour de cassation si elle devait poursuivre ses investigations à la lumière de l'état de santé de Liliane Bettencourt.

Investissement dans une société de Courbit

Un autre avis est également demandé sur la validité du mandat de protecteur accordé à Pascal Wilhelm, qui prévaut sur toutes décisions de justice. Les avocats de la fille unique de la milliardaire anticipent cet avis en lançant cette procédure, motivée par son entrée au capital dans une société appartenant à l'ex-patron d'Endemol, Stéphane Courbit, pour 170 millions d'euros, rendue publique fin mai.

Curieux mélange des genres, selon les avocats de Françoise Bettencourt-Meyers, puisque Pascal Wilhelm est également le conseil de Stéphane Courbit.

L'entourage de l'avocat «très surpris»

L'entourage de Pascal Wilhelm se déclare «très surpris d'apprendre par voie de presse une pareille procédure». «Cette opération financière était envisagée» avant que Pascal Wilhem devienne le conseil de Liliane Bettencourt, Stéphane Courbit était représenté lors de la signature de l'accord par un autre avocat et Françoise Bettencourt-Meyers ainsi que son mari avaient donné leur feu vert à cet investissement», affirme son entourage.

Selon l'entourage de Pascal Wilhelm, la requête a été déposée mardi, jour où Françoise reprenait le poste de vice-présidente de la fondation Bettencourt-Schueller, laissé vacant à la mort de son père. «Françoise Bettencourt, Jean-Pierre Meyers et Pascal Wilhelm se faisaient alors de grands sourires», grince l'entourage.

Le même jour encore, un juge bordelais s'était présenté à 8h chez l'octogénaire encore couchée, avec des policiers et des médecins, pour vérifier son état de santé. Liliane Bettencourt avait décliné deux convocations du juge, arguant notamment d'une fêlure du col du fémur survenue en janvier.

«Nouveau cordon sanitaire» autour de la milliardaire

Le juge voulait l'entendre comme témoin, dans le cadre de l'information qu'il mène contre X pour trafic d'influence et financement politique illicite. Françoise Bettencourt-Meyers nie vouloir rompre leur pacte de non-agression mais dénonce la reformation d'un «nouveau cordon sécuritaire» autour de sa mère, «au détriment de sa famille», visant, outre Pascal Wilhelm, le médecin et l'infirmier de Liliane Bettencourt.

Françoise Bettencourt-Meyers avait lancé des procédures pour abus de faiblesse visant l'écrivain-photographe François-Marie Banier en juillet 2009 et le gestionnaire de fortune Patrice de Maistre en novembre 2010. Elle les avait retirées en décembre. Contactés par l'AFP, les avocats de la mère comme de la fille n'ont pas fait de commentaires.