La bactérie E.coli sème la mort et la zizanie entre les capitales européennes
SANTE•L'épidémie a touché ce jeudi la Grande-Bretagne...20 Minutes avec AFP
D'après l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), la souche de la bactérie E.coli responsable de l'épidémie qui s'étend en Europe depuis la semaine dernière est inconnue. Les analyses qui ont été faites montrent qu'il pourrait s'agir d'une forme mutante, porteuse de gènes mortels de la bactérie.
D'autre part, cette bactérie d'origine inconnue qui a déjà tué 17 personnes continue de semer la zizanie en Europe jeudi, Madrid réclamant des dédommagements après la mise en cause de ses concombres tandis que Moscou décrétait un embargo sur les légumes européens.
Jeudi, la Grande-Bretagne a à son tour signalé des cas d'infection liés à l'Allemagne. Rapidement désignés comme le vecteur de la maladie par les autorités sanitaires de Hambourg (nord de l'Allemagne), épicentre de l'épidémie, les légumes espagnols sont désormais hors de cause.
La Commission européenne a levé mercredi soir la mise en garde qui pesait sur eux. La veille, les autorités sanitaires de Hambourg avaient reconnu avoir fait fausse route.
Mais les dommages sont considérables pour l'agriculture espagnole, qui a vu ses exportations s'effondrer, poussant le Premier ministre espagnol José Luis Rodriguez Zapatero à monter au créneau jeudi pour réclamer des «dédommagements des préjudices provoqués» auprès de l'Union européenne.
La veille, son ministre de l'Intérieur Alfredo Perez Rubalcabasa n'avait pas exclu une plainte contre les autorités de Hambourg.
Arrêt des importations de légumes frais européens en Russie
Les Pays-Bas comme l'Allemagne réclament aussi des aides pour leur agriculture, alors que la décision de la Russie jeudi de décréter un embargo sur les légumes en provenance d'Europe risque d'aggraver la crise.
«L'interdiction des importations de légumes frais, qui concerne tous les pays de l'Union européenne, prend effet ce (jeudi) matin", a déclaré le chef de l'Agence de protection des consommateurs, Gennady Onishchenko, cité par l'agence Interfax.
La Commission européenne a immédiatement protesté, annonçant qu'elle allait demander à la Russie des explications sur cette décision qu'elle juge "disproportionnée".
Les exportations de légumes vers la Russie représentent «entre 3 et 4 milliards d'euros (chaque année)», a déclaré à l'AFP un porte-parole de la Commission européenne pour les questions de santé publique, Frédéric Vincent.
Face aux tensions et aux morts, le temps presse pour trouver le vecteur de la contamination par la bactérie E.coli 0104 (Eceh).
Incubation d'une dizaine de jours
Or le concombre exclu, les chercheurs allemands qui planchent depuis des jours sur des centaines d'échantillons, sont pour l'instant dans l'incapacité de l'identifier, ont admis les autorités.
Ce ne sera «pas facile», a déclaré mercredi le commissaire européen en charge de la Santé John Dalli, ajoutant que «ce n'est plus une question de traçabilité. Il faut demander aux gens ce qu'ils ont mangé».
Or, l'incubation est d'une dizaine de jours avant que la maladie ne se déclare, précisent les experts de la Commission.
Seule certitude: les crudités, consommés en grande quantité en cette saison, comme les fruits mais aussi la viande, sont dans la ligne de mire des scientifiques.
Les recherches ont recommencé avec de nouveaux outils. L'Institut fédéral allemand pour l'évaluation des risques (BfR) a annoncé avoir mis au point un nouveau test, en coopération avec des chercheurs français de l'Agence nationale de la sécurité sanitaire (Anses), pour détecter la bactérie dans les aliments.
Services au ralenti pour ce jeudi férié
La maladie se manifeste par des hémorragies du système digestif, et dans les cas les plus graves, par des troubles rénaux (syndrome hémolytique et urémique, SHU).
Déjà plus de 2.000 cas ont été signalés en Allemagne, 500 de plus que mercredi. Des malades ont aussi été enregistrés dans le reste de l'Europe et jusqu'aux Etats-Unis, tous ayant apparemment transité par l'Allemagne.
Dix-sept personnes sont mortes, 16 en Allemagne et une en Suède.
En ce jeudi férié, les services sanitaires allemands ont pourtant prévu de tourner au ralenti et l'Institut fédéral Robert Koch (RKI) de Berlin, chargé de la veille sanitaire pour le pays ne devrait pas communiquer de nouveau bilan.