MONDEEspagne: Les socialistes subissent une lourde défaite aux élections municipales

Espagne: Les socialistes subissent une lourde défaite aux élections municipales

MONDEIls sont sanctionnés pour leur politique d'austérité contre la crise et un chômage record...
Des partisans du Parti Populaire espagnol fêtent leur victoire aux élections municipales, le 22 mai 2011, à Madrid.
Des partisans du Parti Populaire espagnol fêtent leur victoire aux élections municipales, le 22 mai 2011, à Madrid. - D.POZO / AFP
© 2011 AFP

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Les socialistes au pouvoir en Espagne ont subi dimanche une très lourde défaite aux élections municipales, sanctionnés pour leur politique d'austérité contre la crise et un chômage record, qui ont déclenché une rébellion sociale inédite.

Le Parti Populaire largement vainqueur

Le Parti socialiste, avec 27,84% des voix selon des résultats portant sur 80,17% des bulletins de vote, était très largement distancé par les conservateurs du Parti Populaire (37,34%). Cet écart de plus de neuf points vient sanctionner les socialistes, au pouvoir depuis 2004, à dix mois des législatives de mars 2012, et au moment où le pays est plongé dans la crise économique et en proie depuis quelques jours à une vague de contestation.

A Madrid, les manifestants qui ont pris possession de la place de la Puerta del Sol ont décidé dimanche de poursuivre pendant au moins une semaine cette occupation. Dans la soirée, une foule de plusieurs milliers de personnes a envahi la place, comme les jours précédents, autour du village de bâches bleues et de tentes devenu le coeur de la contestation.

Beaucoup de jeunes parmi les manifestants

Cette fronde soudaine a été l'invitée surprise des élections régionales et municipales, cependant que les socialistes étaient depuis longtemps déjà en mauvaise posture dans les sondages. Le mouvement, qui rassemble beaucoup de jeunes, mais aussi des citoyens de tous horizons, a surgi le 15 mai via les réseaux sociaux, pour très rapidement s'amplifier, gagner tout le pays et se structurer.

Spontané, coloré, pacifique, laboratoire d'idées pour des réformes à venir, ce mouvement citoyen, qui se veut apolitique, dénonce l'injustice sociale, les dérives du capitalisme, la «corruption des hommes politiques». Si les revendications sont des plus diverses, le chômage, avec un taux record de 21,19% et près de la moitié des moins de 25 ans sans emploi, revient sur toutes les lèvres. Et aussi la défiance envers les grands partis politiques, les socialistes et le Parti Populaire, qui ne semble pas toutefois avoir eu de répercussions sur la participation.

«Bien sûr, bien sûr qu'ils ne nous représentent pas»

«Bien sûr, bien sûr qu'ils ne nous représentent pas», est l'un des slogans favoris des manifestants, répété à l'infini chaque nuit à la Puerta del Sol. «Bien sûr je vais voter, mais pour un petit parti», confiait dimanche Ana Rodriguez, ingénieur au chômage de 29 ans, qui venait de passer deux nuits à la Puerta del Sol. «Il faut un changement dans le système politique, pour que les petits partis soient mieux représentés». Les rassemblements se sont poursuivis samedi et dimanche en dépit de la trêve électorale qui interdisait toute activité politique.

Mais sous la pression de la rue, le gouvernement a renoncé jusqu'à présent à faire évacuer les manifestants par la police. Dans ce contexte troublé, toutes les communes d'Espagne ont élu leurs conseils municipaux et 13 des 17 régions autonomes leurs Parlements. La Catalogne, le Pays Basque, la Galice et l'Andalousie votent à d'autres dates. 34,6 millions d'électeurs étaient appelés à élire 8.116 maires, plus de 68.400 conseillers municipaux et 824 députés régionaux.

Barcelone et Séville basculent à droite

L'annonce le 2 avril par José Luis Zapatero de son intention de ne pas se présenter pour un troisième mandat en 2012 n'aura eu aucun effet sur la chute de popularité des socialistes. Ils ont ainsi perdu Barcelone, qu'ils contrôlaient depuis 1979 et les premières élections de l'après-franquisme, où ils sont devancés par la coalition nationaliste conservatrice CiU. Ils sont également battus à Séville, la quatrième ville espagnole. La droite conserve sans surprise Madrid et Valence, la troisième ville du pays.

A partir de lundi, les socialistes pourraient ne plus contrôler qu'une seule des 17 régions espagnoles, l'Andalousie, et ils risquent de perdre des fiefs historiques comme la Castille-la Manche et l'Estrémadure.