L'ex-femme de Dutroux bientôt libre si Paris donne son feu vert
•La Belgique a levé mardi le dernier obstacle à la libération de l'ex-femme et complice du meurtrier pédophile Marc Dutroux, qui doit toutefois encore attendre le feu vert de Paris pour se rendre dans le couvent français qui a accepté de l'accueillir.© 2011 AFP
La Belgique a levé mardi le dernier obstacle à la libération de l'ex-femme et complice du meurtrier pédophile Marc Dutroux, qui doit toutefois encore attendre le feu vert de Paris pour se rendre dans le couvent français qui a accepté de l'accueillir.
Michelle Martin, une ancienne institutrice de 51 ans, mère de trois enfants, avait été condamnée en 2004 par la cour d'assises d'Arlon (sud-est) à 30 ans de prison pour sa participation aux crimes commis dans le milieu des années 1990 par son ex-époux, condamné pour sa part à la perpétuité sans possibilité de libération anticipée.
Arrêtée en même temps que Marc Dutroux, en août 1996, Michelle Martin a passé près de 15 ans en prison, en comptant la détention préventive.
Lundi, le tribunal d'application des peines (TAP) de Mons, a accepté sa demande de remise en liberté conditionnelle, provoquant immédiatement une vague de protestation en Belgique, où les plaies de l'"affaire Dutroux" n'ont toujours pas cicatrisé.
Le parquet général de Mons juge que cette libération est "prématurée", contrairement au "directeur de la prison et aux assistants sociaux", a expliqué mardi à la presse le procureur général de la ville, Claude Michaux.
La loi belge ne prévoyant pas de possibilité d'appel, le parquet ne pouvait qu'envisager un recours devant la cour de cassation, à condition toutefois de trouver un vice dans la procédure.
"Après avoir scrupuleusement examiné le dossier, j'ai estimé que la procédure avait été tout à fait régulière. Bien que je ne sois pas d'accord avec la décision (de remise en liberté), j'ai donc décidé de ne pas introduire de pourvoi en cassation", a déclaré le procureur.
Michelle Martin ne retrouvera toutefois pas immédiatement sa liberté car son plan de réinsertion prévoit un hébergement dans un couvent en France.
Le feu vert de Paris est donc nécessaire et une demande en ce sens sera introduite dans les plus brefs délais par le ministre belge de la Justice auprès de son homologue français, le Garde des sceaux Michel Mercier.
La Chancellerie a indiqué mardi soir qu'elle n'avait pas été saisie "à ce stade" d'une demande formelle du ministère belge de la Justice concernant l'accueil dans un couvent français de l'ex-femme et complice du meurtrier pédophile Marc Dutroux.
"Quand elle nous aura été adressée, elle sera examinée dans le respect du cadre posé par la +Convention européenne pour la surveillance des personnes condamnées ou libérées sous condition+", a déclaré à l'AFP Bruno Badré, porte-parole du ministère français de la Justice.
La libération effective de Michel Martin, devenue "très religieuse" depuis son incarcération, selon la presse belge, est une "questions de semaines", a estimé M. Michaux.
Le couvent où devrait être accueillie Michelle Martin a déjà été choisi et sa venue se fait avec le "parfait accord" des religieuses, a encore expliqué le magistrat, en refusant de préciser le lieu de ce refuge.
Il a toutefois indiqué que "les religieuses lui donneraient quelque activité, afin qu'elle participe par son travail à l'indemnisation des victimes", une autre des conditions mises à sa libération.
Michelle Martin a été reconnue coupable d'avoir séquestré plusieurs victimes du pédophile et d'avoir laissé mourir de faim les deux plus jeunes d'entre elles, Julie Lejeune et Melissa Russo, âgées de 8 ans, emmurées vivantes dans un cachot aménagé par le couple Dutroux-Martin dans sa maison de Marcinelle, près de Charleroi (sud).
Une page Facebook intitulée "Contre la libération de Michelle Martin" créée lundi a recueilli près de 80.000 signatures et comptait des centaines de commentaires où l'incompréhension se mêlait à la haine, voire à des appels au meurtre, avant d'être supprimée mardi matin.
Une cinquantaine de personnes ont également manifesté leur opposition à la remise en liberté de Michelle Martin mardi après-midi devant le palais de justice de Bruxelles, selon l'agence Belga.
Marc Dutroux, dont Michelle Martin avait divorcé en 2003, a pour sa part été reconnu coupable de l'enlèvement, de la séquestration et du viol entre juin 1995 et août 1996 de six fillettes et adolescentes belges, ainsi que de l'assassinat de deux d'entre elles, du décès de Julie et Melissa, et de l'assassinat d'un complice présumé.