«Animal Kingdom»: Une famille vraiment pas comme les autres
CINEMA•Le film éblouit par sa virtuosité...caroline Vié
David Michôd ne ménage pas le spectateur dans Animal Kingdom, polar récompensé à Sundance et à Beaune. Un grand ado taciturne doit trouver sa place entre sa grand-mère et ses oncles délinquants dans cette chronique criminelle
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Fiction et réalité mélangées
Pour ce premier long métrage, Michôd a puisé son inspiration dans la rubrique faits divers. « Ce type de familles a réellement existé en Australie, tout le monde suivait leurs aventures dans les journaux », se souvient le réalisateur. Le personnage de la grand-mère, joué par une Jackie Weaver aux cheveux d'or et à la poigne d'acier, est un archétype au pays des kangourous. « Ces mamans étaient plus célèbres que leurs fils. Elles hantaient les prétoires et confiaient leurs malheurs à la presse. Dans une société apparemment machiste, ce sont elles qui tenaient la famille », dit-il.
L'évolution d'un jeune homme timoré, tiré à hue et à dia entre des flics brutaux et une parentèle terrifiante, fascine à la façon de celle du héros d'Un prophète de Jacques Audiard. « Dans la vie, tout le monde doit choisir s'il sera proie ou prédateur, explique Michôd. Ce problème se pose de façon plus aiguë pour mon personnage. » L'atmosphère étouffante de ce polar brillant prend le spectateur à la gorge dès la scène d'ouverture où le gamin regarde la télé assis près du cadavre de sa maman. Cette violence sourde, comme impondérable, imprègne Animal Kingdom à la façon du parfum musqué de fauves en liberté surveillés par un cinéaste virtuose, à suivre de très près.