Syrie: levée de l'état d'urgence, appels à manifester vendredi

Syrie: levée de l'état d'urgence, appels à manifester vendredi

Le président syrien Bachar al-Assad a levé jeudi l'état d'urgence en vigueur depuis 48 ans dans le pays, où des opposants, sceptiques sur la portée de cette mesure, ont lancé sur Facebook des appels à de nouvelles manifestations vendredi contre le régime.
© 2011 AFP

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Le président syrien Bachar al-Assad a levé jeudi l'état d'urgence en vigueur depuis 48 ans dans le pays, où des opposants, sceptiques sur la portée de cette mesure, ont lancé sur Facebook des appels à de nouvelles manifestations vendredi contre le régime.

Bachar al-Assad a promulgué trois décrets, approuvant la levée de l'état d'urgence, l'abolition de la Cour de sûreté de l'Etat, une juridiction d'exception, et un changement de la réglementation sur les manifestations, a annoncé la télévision syrienne.

Le gouvernement avait adopté mardi des projets de loi en ce sens pour tenter de calmer un mouvement de contestation inédit entamé le 15 mars.

La levée de l'état d'urgence a été saluée jeudi par le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, qui a estimé qu'elle représentait "un premier pas dans la bonne direction".

"D'autres pas doivent suivre rapidement", a-t-il toutefois souligné, citant de "vastes réformes politiques" et "la libération de tous les prisonniers politiques".

Le porte-parole de la diplomatie américaine, Mark Toner, a également estimé que Bachar al-Assad devait "en faire plus" pour répondre aux aspirations de son peuple.

La fin de l'état d'urgence, en vigueur depuis l'arrivée au pouvoir du parti Baas en mars 1963, était l'une des principales revendications des contestataires, avec la libération des prisonniers politiques.

Mais des opposants ont jugé sa levée insuffisante.

"Elle ne répond qu'à une partie des revendications du peuple", a déclaré à l'AFP l'avocat des droits de l'Homme Haitham Maleh.

"La levée de la loi d'urgence ne change rien car les services de sécurité ne sont soumis à aucune loi", a renchéri depuis Beyrouth un cybermilitant au coeur de la contestation, Malath Aumran. Désormais, "la chute du régime est devenue la principale revendication", a-t-il souligné.

Le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, Rami Abdel Rahmane, a qualifié les mesures adoptées de "pas positif".

Mais des militants sur Facebook ont douté que les autorités appliquent la loi qui stipule, selon eux, qu'une fois l'état d'urgence levé, "les détenus politiques doivent être libérés, les opposants en exil autorisés à rentrer (...) et les manifestations autorisées".

Avant la levée de l'état d'urgence, un groupe avait lancé via ce réseau un appel à manifester pour une journée baptisée "Vendredi saint", emprunté à la semaine pascale chrétienne, qui s'annonce comme une journée-test de la détermination de l'opposition.

"Un seul coeur, une seule main, un seul objectif", ont insisté les organisateurs sur une page où l'on voit un clocher d'église entre deux minarets.

Amnesty International et Human Rights Watch ont appelé les autorités syriennes à ne pas réprimer les manifestations vendredi, qui pourraient être "les plus importantes que le pays a connu jusqu'à présent".

Selon Amnesty, au moins 228 personnes ont été tuées depuis la mi-mars en Syrie, et vendredi "sera un véritable test de la sincérité du gouvernement concernant l'application des réformes".

"Il est impératif que ces manifestations soient encadrées intelligemment et dans le respect du droit international afin d'éviter que du sang soit à nouveau versé dans les rues de Syrie", a écrit Malcom Smart, directeur d'Amnesty pour le Moyen Orient.

Jeudi, quelque 150 étudiants ont organisé un sit-in dans la ville de Hassaké, à 600 km au nord-est de Damas, selon un témoin et un militant des droits de l'Homme.

Mardi, les autorités avaient prévenu qu'elles n'accepteraient aucune nouvelle manifestation "sous n'importe quel slogan". Damas accuse des "gangs armés criminels" d'être à l'origine de la contestation et a promis de mater une "rébellion armée de groupes salafistes" (sunnites radicaux).

A Homs (160 km au nord de Damas), où des manifestants ont été tués lors de la dispersion d'un sit-in mardi, le président Assad a nommé un nouveau gouverneur.

Mercredi soir, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, avait fait part de sa "vive inquiétude" sur la situation à Homs et avait demandé au gouvernement syrien d'engager un "réel processus politique".

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