POLITIQUEPrésidentielle 2012: Un nouveau 21 avril est-il possible?

Présidentielle 2012: Un nouveau 21 avril est-il possible?

POLITIQUEMontée du FN, éparpillement des candidatures...
Maud Pierron

Maud Pierron

Le «21 avril» reste une date marquante pour l’ensemble de la classe politique française, avec l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour. Neuf ans après cette date fatidique, à un an de l’échéance présidentielle, les conditions sont-elles réunies pour un nouveau 21 avril, à l’envers ou à l’endroit comme le craignent certains politiques? 20minutes.fr fait le point.

Les favoris de 2002
Les sortants étaient les grands favoris. Jacques Chirac briguait un second mandat et Lionel Jospin, Premier ministre depuis la dissolution ratée de 1997, gouvernait et souhaitait accéder à la marche du dessus. De fait, aucun des deux supposés principaux candidats ne pouvait bénéficier de l’effet de nouveauté. Candidats du système, ils devaient chacun défendre un bilan.

Les favoris d’aujourd’hui
Rien n’est figé mais il est probable que Nicolas Sarkozy se représente à l’élection présidentielle. En face, il se retrouvera en face de DSK, Martine Aubry ou François Hollande, si l’on en croit les derniers sondages sur les primaires socialistes. Aucun des trois n’est aux affaires et n’a de bilan à défendre. Mais pour Jean-Daniel Lévy, directeur d’étude chez Harris Interactive, le jeu est plus ouvert qu’il n’y paraît: même si à un an du premier tour, les sondages ne sont pas significatifs, «ce qui absolument certain aujourd’hui, c’est qu’on ne peut pas être sûr de savoir qui sera présent au second tour», assure-t-il. Ça se joue entre le candidat socialiste, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen.

Le contexte de 2002
Un an avant et même quelques semaines avant le premier tour, les sondages étaient serrés et donnaient alternativement Jospin ou Chirac vainqueur au second tour. De fait, le premier tour apparaissait comme une formalité et chacun des deux, surtout Lionel Jospin, a mené une campagne focalisée sur le second tour. Du coup, les candidatures à gauche du PS, avec notamment Christiane Taubira (PRG) et Jean-Pierre Chevènement (MRC), se sont multipliées, sans inquiéter grandement l’état-major socialiste. Au final, cette élection a priori cousu de fil blanc n’a pas mobilisé les foules: l’abstention a atteint un record: autour de 30% (contre 20% en 1995 et 15% en 2007).

Le contexte aujourd’hui
Actuellement, Jean-Daniel Levy relève «le niveau historiquement bas» de Nicolas Sarkozy, en termes de popularité et même d’intention de vote, «l’enthousiasme mesuré pour un candidat de gauche à l’exception de DSK», et «la détermination d’un électorat FN à voter Marine Le Pen». Dans plusieurs enquêtes d’opinion, cette dernière élimine Nicolas Sarkozy du second tour. «C’est la première fois où un an avant l’élection, le jeu semble se décider à trois plutôt qu’à deux», note le directeur d’études. A gauche, DSK apparaît comme le candidat qui gagne à tous les coups mais il ne s’est toujours pas déclaré. Cette fois, la situation semble aussi floue à droite qu’à gauche. Au centre droit, les candidatures se multiplient: Jean-Louis Borloo, Hervé Morin, Dominique de Villepin sont candidats à la candidature. François Bayrou devrait y retourner. Le tribun Jean-Luc Mélenchon devrait se lancer pour le Front de gauche et les écolos doivent choisir entre Eva Joly et Nicolas Hulot, pour un score espéré autour des 10%.

Le FN en 2002
Représenté par Jean-Marie Le Pen, le FN recueillait autour des 7-8% un an avant l’élection présidentielle. Une présence importante mais loin d’être menaçante. Ce ne sont que dans les semaines précédant le scrutin que le FN est monté dans les sondages, sur fond de montée du sentiment d’insécurité. Mais il reste toujours en 3e position, entre 12% et 14% dans la majeure partie des études. Les deux favoris, qui étaient donnés un an auparavant entre 25% et 30% au premier tour ont perdu de leur superbe mais semblent hors d’atteinte. L’effet de surprise Le Pen a donc joué a plein au premier tour, avec un électorat démobilisé.

Le FN aujourd’hui
Le FN est haut, très haut, dans les sondages. Autant dire que le parti frontiste est attendu au tournant même si intention ne vaut pas vote, et que les sondages un an avant la présidentielle ne reflètent quasi jamais les résultats du vote. Reste que paradoxalement, cette vigueur du FN peut jouer contre lui en mobilisant les électeurs de chaque camp pour leur champion. Plus la menace FN sera importante, plus le réflexe du vote utile sera partagé et pénalisera les petits candidats, confirme Jean-Daniel Lévy. Reste que la montée du FN «créé de l’émoi mais pas un trouble considérable dans l’opinion car l’effet repoussoir» joue moins, explique-t-il. Les états-majors des partis, eux, pourraient réagir. «En 2002, c’était un accident de l’histoire. Personne ne l’a vu venir, confirme Olivier Ferrand, président de la fondation Terra Nova proche du PS. Aujourd’hui, on est parfaitement conscient de ce qu’il se passe». A Europe Ecologie, alors même que le candidat n’est pas encore désigné, on réfléchit déjà à retirer le candidat écolo en cas de menace FN quelques mois avant le scrutin. Et les appels à une candidature unique à gauche se multiplient.