Sécurité routière: «Il n’y a pas de solution miracle pour lutter contre la récidive»
PRÉVENTION•près qu'un chauffard ivre, sans permis et récidiviste a tué trois personnes à Chelles, les associations dressent la liste des moyens de lutter contre la violence au volant...Olivia Vignaud
«On a que ce qu’on mérite. Si on appliquait l’arsenal répressif comme il se doit, un drame comme celui-ci ne serait pas arrivé ou, en tout cas, la société aurait fait tout ce qu’elle pouvait pour l’éviter», constate amèrement le docteur Dominique Courtois, président de la Fédération nationale des victimes de la route. Un drame survenu samedi à Chelles (Seine-et-Marne) et dans lequel trois membres d’une même famille ont été tués, fauchés par un chauffard ivre, sans permis et récidiviste.
Afin d’empêcher autant que faire se peut ce genre de tragédies, les associations demandent donc l’application pure et dure de la loi. «Il faut que la prévention soit soutenue par la justice. La loi prévoit jusqu’à 10 ans d’emprisonnement pour homicide involontaire et 20 ans en cas de récidive. Jamais de telles peines n’ont été demandées. En général, les individus sont condamnés à maximum trois ans de prison et bénéficient de remises de peine», explique Vincent Julé-Parade, vice-président de l’association victimes et citoyens contre l’insécurité routière.
Utiliser l'éthylotest au démarrage
Pour beaucoup, le système de l’éthylotest au démarrage fait également partie des solutions envisageables. «La personne doit souffler pour que sa voiture démarre. Si elle a bu plus que la loi ne le permet, le véhicule ne démarrera pas. Évidement, l’installation doit se faire aux frais du contrevenant», affirme Nadine Poinsot, présidente de l’association Marilou pour les routes de la vie. Une mesure prévue par loi Loppsi II qui permet au juge de contraindre le délinquant à utiliser ce système pendant cinq ans.
Mais ce procédé ne risque-t-il pas d’être contourné? Pour Jean-Yves Salaün, délégué général adjoint de l'association prévention routière: «Les mentalités ont évoluées. Personne n’irait souffler à la place de quelqu’un d’alcoolisé pour qu’il puisse prendre le volant». Un avis que ne partage pas le docteur Courtois pour qui: «Les frondeurs resteront des frondeurs et trouveront toujours un moyen d’esquiver». Reste l’autre solution avancée par toutes les associations, mais qui comporte aussi ses failles: la confiscation de la voiture.
Suivi médical du contrevenant
En ce qui concerne la prévention: « Elle peut avoir un effet sur les personnes perméables, comme les jeunes. En l’occurrence les individus comme celui de Chelles, s’en foutent», certifie Vincent Julé-Parade. «Il faut les prendre en main, il faut un suivi médical, ces gens là ont une addiction qu’il faut soigner.» Pour Nadine Poinsot: «C’est mieux que rien mais si la démarche ne vient pas de l’individu, il y a peu de chances que le traitement fonctionne».
La présidente de l’association Marilou préconise davantage « l’installation d’un stage de confrontation avec les familles de victimes». Comme le résume sagement le docteur Courtois: «Il n’y a pas de solution miracle mais tout ce qui va dans le sens d’une amélioration doit être envisagé».