REVOLTESyrie: 19 manifestants et 17 policiers tués

Syrie: 19 manifestants et 17 policiers tués

REVOLTELes manifestations contre le régime d'al Assad semblent dégénérer...
Avec Reuters

Avec Reuters

Vendredi sanglant en Syrie. Au cours de manifestations contre le régime du président Bachar al Assad, 17 manifestants ont été tués dans la ville méridionale de Deraa, épicentre du mouvement de contestation en Syrie, portant à 90 morts le bilan de trois semaines de troubles. Par ailleurs, dans cette même ville, des groupes armés ont tué 19 policiers, a affirmé la télévision d'Etat syrienne.

Des rassemblements ont eu lieu dans l'ensemble de ce pays de 20 millions d'habitants, du port méditerranéen de Lattaquié à Albou Kamal sur la frontière irakienne. Les manifestations, qui défient les mesures de répression et les promesses de réformes du président Assad, entraient dans leur quatrième semaine.

A Deraa, où les troubles avaient commencé le 18 mars, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des milliers de manifestants selon des habitants. Les protestataires ont incendié un bâtiment du parti Baas au pouvoir et déboulonné une statue du défunt frère du président, Basil.

Les médias étrangers interdits

Les autorités attribuent les violences à des groupes armés et la télévision nationale a diffusé vendredi des images d'hommes cagoulés ouvrant le feu aussi bien sur des manifestants que sur des policiers à Deraa. La Syrie a interdit à d'autres médias de couvrir les événements à Deraa.

La mosquée Omari de la ville a de nouveau été transformée en clinique de fortune et ses haut-parleurs diffusaient des appels en faveur d'une assistance médicale, ont dit des habitants.

A Kamishli, dans le nord-est du pays, de jeunes Kurdes scandaient: «Pas de Kurdes, pas d'Arabes. Le peuple syrien est un. Nous saluons les martyrs de Deraa.» Assad a promis d'assouplir l'acquisition de la citoyenneté syrienne, mais on ignore quelle proportion de Kurdes en bénéficieront. Aux termes d'un recensement réalisé en 1962 dans la région orientale d'Al Hasaka, au moins 150.000 Kurdes étaient considérés comme étrangers.

«Le monde doit intervenir»

Des manifestations ont aussi éclaté à Homs, dans le centre du pays, au nord de Damas. A Hama, où des milliers de personnes avaient été tuées en 1982, les forces de sécurité ont fait usage vendredi de canons à eau et de bombes fumigènes pour disperser une manifestation d'environ 2.000 personnes, ont dit des habitants.

Des militants ont par ailleurs fait état de coups de feu vendredi à Harasta, faubourg de Damas. A Douma, autre banlieue de la capitale qui a connu de grandes manifestations ces jours derniers, le réseau téléphonique était hors d'usage vendredi.

Le dirigeant d'opposition Maamoun al Homsi a réclamé une initiative internationale. «Des massacres sont perpétrés en Syrie. Le monde doit intervenir», a-t-il dit à Reuters. «En Libye, (le monde) a agi et le peuple a des armes. En Syrie, ils ne sont pas armés. C'est un appel à la conscience des Nations unies.»