JUSTICELa cour de Cassation renvoie Dany Leprince en prison

La cour de Cassation renvoie Dany Leprince en prison

JUSTICELa Cour de révision a rejeté la requête mercredi estimant qu'il n'existait «aucun fait nouveau»...
Matthieu Goar

Matthieu Goar

Il a fallu moins d'une minute et quelques mots pour que la Cour de cassation siégeant en Cour de révision annihile les espoirs de Dany Leprince. « Peut-on savoir les motifs ? », demande l'avocat alors que les magistrats, qui viennent de rejeter la requête, se lèvent déjà. « Je suis innocent, je ne comprends pas », lance Dany Leprince, hébété. L'audience est terminée, il ne devrait jamais être rejugé .

Un recours en grâce

A l'annonce de la décision, Dany Leprince, qui avait été libéré l'année dernière après seize ans de réclusion, a immédiatement été conduit dans les sous-sols du Palais de Justice où il a été embarqué dans un fourgon cellulaire vers la prison. « C'est pour moi un échec personnel terrifiant. Je n'ai pas su convaincre, a déclaré l'avocat de Leprince, Yves Baudelot. Mais c'est aussi un échec terrible pour la justice. A neuf mois d'intervalle, deux formations de la Cour de cassation ont dit exactement le contraire », a-t-il lâché à la presse, sous les yeux de la nouvelle femme de Dany Leprince, effondrée.

La défense tombe de très haut. Devant la Commission de révision, l'avocat général avait en effet renforcé l'hypothèse d'un nouveau procès, en parlant de cette affaire comme d'une « honte pour la justice ». Accusé en 1994 de quatre meurtres commis à la feuille de boucher (toute la famille de son frère excepté Solène, la benjamine de 2 ans), Dany Leprince avait avoué au bout de sa garde à vue avant de se rétracter. Sa femme de l'époque et sa fille avaient témoigné contre lui. Condamné à la perpétuité, « le boucher de la Sarthe », comme les médias l'ont surnommé, a depuis toujours nié. Et il avait fini par retrouver la liberté sans être pour autant blanchi.

Hier, la Cour de cassation a donc finalement considéré qu'il n'existait « aucun fait nouveau » dans l'enquête en révision (une expertise psychologique de l'ex-femme de Leprince et la relation de celle-ci avec un enquêteur avaient pourtant insinué le doute). Me Baudelot envisage maintenant un recours en grâce et une saisine de la Cour européenne des droits de l'homme.