JUSTICEDany Leprince retourne en prison

Dany Leprince retourne en prison

JUSTICELa cour de révision a rejeté sa requête...
C. F. et M. G.

C. F. et M. G.

La Cour de révision a rejeté la requête de Dany Leprince et a décidé de le réincarcérer dans la foulée ce mercredi. A l'annonce de la décision, cet homme de 53 ans a crié «Je suis innocent» et une vague de stupeur a parcouru la salle. Sa compagne a tapé du poing sur la table. Les motifs de rejet de la requête n'ont pas été donnés par les cinq juges présents, malgré la demande de l'avocat de Dany Leprince, Yves Baudelot.

Surnommé un temps «le boucher de la Sarthe», Dany Leprince avait été condamné en 1997 à la réclusion criminelle à perpétuité pour les meurtres de son frère, de sa belle-soeur et de ses nièces de six et dix ans, perpétrés le 4 septembre 1994 à Thorigné-sur-Dué (Sarthe). Seule Solène, deux ans, avait échappé à la tuerie.

«C'est une honte, c'est inadmissible»

Après seize années derrière les barreaux, Dany Leprince, était sorti de prison le 8 juillet 2010. Une semaine plus tôt, la Commission de révision des condamnations pénales avait relevé de nombreuses failles dans l'enquête qui avait mené à sa condamnation et décidé de saisir la Cour de révision. Elle avait aussi suggéré qu'une nouvelle enquête soit ouverte, pour examiner le rôle éventuel dans la tuerie de l'ex-femme de Dany Leprince, Martine Compain. Dans la foulée, elle avait ordonné sa libération immédiate, une décision rarissime.

«On le libère, puis on le réincarcère. J'ai honte de la justice qui n'est pas rendue au nom du peuple français. Je suis tenté de rendre ma carte d'identité, c'est une honte, c'est inadmissible», s'est exclamé Roland Agret, le président d’Action justice qui s'est battu longtemps pour la révision du dossier.

«On vient de passer une nouvelle fois les menottes à Dany Leprince. C'est un échec terrible personnellement, un échec terrifiant, a déclaré pour sa part Yves Baudelot. Je n'ai pas su convaincre la justice.» L'avocat considère toutefois qu'il s'agit surtout d'un «échec pour la justice. A neuf mois d'intervalle, deux cours ont dit des choses contraires [La commission de révision et la Cour de révision]. La première avait pris une décision exceptionnelle et cela marquait une conviction. Aujourd'hui, dix-sept magistrats estiment que pas une virgule n'a été apportée au dossier, et ce malgré cinq ans d'enquête en révision. C'est d'une cruauté invraisemblable», déplore le conseil.

La CEDH saisie?

Comme derniers recours, Yves Baudelot va tenter de réduire la période de sûreté (22 ans) de Dany Leprince et envisage de saisir la Cour européenne des Droits de l'homme.

Depuis quasiment neuf mois, Dany Leprince vivait libre, sous contrôle judiciaire, à Marmande, dans le Lot-et-Garonne, où réside sa nouvelle épouse. Il est désormais reparti en prison. Les révisions de condamnations pénales restent rares en France: ce type de procédure n'a abouti que huit fois en matière criminelle depuis la Seconde Guerre mondiale.