INTERVIEWJacques Rousselot: «Je double la prime au feeling»

Jacques Rousselot: «Je double la prime au feeling»

INTERVIEWLe président de l'AS Nancy se définit comme un patron de club généreux...
Propos recueillis par Romain Scotto

Propos recueillis par Romain Scotto

«La double!» Jacques Rousselot fait partie de ces présidents de L1 capables d’offrir une rallonge à ses joueurs en cas de victoire marquante. Le président du club nancéien, qui a négocié avec ses joueurs en début de saison le montant des primes de victoire (entre 2.500 et 3.000 euros), trouve tout de même gênant ce genre de pratique, dans un contexte économique morose.

Quelle est la politique nancéienne en matière de primes de victoires?

Il y a une réunion en début de saison entre le capitaine (Bracigliano), deux joueurs et la direction pour mettre en place dans le règlement intérieur sur les primes de victoire et de match nul. On se voit à plusieurs reprises. Ils font part des discussions à leurs collègues. Quelques fois, ça grince un peu, donc on se revoit. C’est comme dans une commission paritaire où on se met d’accord pour faire avancer les choses dans le sens du collectif. Sinon, de temps en temps, au cours de la saison, il m’arrive de prendre des décisions et leur fixer un petit challenge.

Dans quelle catégorie de présidents vous classeriez-vous? Généreux, modéré ou radin?

Plutôt généreux. Cette saison on a dû faire deux ou trois coups. J’au doublé la prime, voire un peu plus, après les victoires contre Auxerre et Monaco. Notre première partie de saison a été compliqué, donc ça ne m’a pas couté trop cher. En même temps, on n’a pas trop de points.

Qu’est ce qui définit ces élans de générosité?

Pour moi, il est de bon ton de les récompenser d’une double ou triple après une victoire. Pas systématiquement. Il faut le sentir. En fonction du contexte, de l’adversaire, et d’autres critères. Je le fais au feeling.

A combien s’élève la prime de victoire à Nancy?

C’est variable d’une année sur l’autre. La saison dernière, on était sur des primes de victoires de 3.000, 3.500 euros. Cette année, c’est plus modeste. On a réduit la voilure.

Entre 2.500 et 3.000 euros?

Oui, voilà, c’est ça. Voire un peu moins de 2.500 euros. D’un club à l’autre, c’est très variable. Il y a des clubs de L1 qui sont à 400 euros. D’autre 1.000, 2.000 euros. Je ne donnerai pas de noms mais des clubs relativement huppés sont amenés à réduire la voilure compte tenu des difficultés financières qu’ils connaissent. Mais nous aussi de toute façon.

Vous parlez peut-être de clubs qui ont une masse salariale plus élevée à la base…

Exactement. C’est pour ça que cette notion de prime est tout à fait différente d’un club à l’autre. La masse salariale est un point essentiel qui détermine la politique des primes.

Vous comprenez que cela puisse choquer des supporters. Après tout, gagner des matchs fait partie du métier des footballeurs…

C’est vrai que ça paraît déplacé, quelques fois même indécent. Mais c’est une pratique du sport de haut niveau. C’est comme les tennismen. C’est comme ça. On est dans une ère compliquée à comprendre parce que le pays est en crise et les sportifs de haut niveau gagnent beaucoup d’argent. Il faudra peut-être revoir le modèle économique un jour, pour ne pas mettre les clubs en difficulté. Il faut aussi savoir que les joueurs sont défendus par un syndicat très fort. Il est difficile de se heurter à l’UNFP. On essaye de trouver des consensus.