Les jolis risquesde cascadeur

Les jolis risquesde cascadeur

musique Un nouveau génie de la pop est né
Benjamin Chapon

Benjamin Chapon

Devant une course de ski, on attend la gamelle. En Formule 1, on espère l'accrochage. A écouter la pop de Cascadeur, on attend, avec frissons, le dérapage incontrôlé. Ce pianiste français chantant en anglais fait des saltos dans les aigus, des roulés-boulés sur ses claviers, des zigzags mélodiques audacieux. Le tout avec une insolente et apparente facilité qui permet une empathie immédiate, un amour même.

La pieuvre et la chauve-souris
« Moi aussi, Batman, il m'intéresse avec son masque », avance Cascadeur pour expliquer l'engouement qu'il suscite depuis un an et un concert phénoménal aux Francofolies de La Rochelle. Cascadeur n'est pas une chauve-souris, mais The Human Octopus, la pieuvre humaine, nom de son premier album. Comme Batman, il est baroque, secret, chevaleresque dans la distinction de ses arrangements pop. Et surtout, sur scène, lui aussi avance masqué. « Se dissimuler permet une tranquillité d'esprit, explique cet ancien prof d'arts plastiques. La possibilité de la célébrité m'affole un peu et j'aime l'idée que mon camouflage soit plus connu que moi… Bon, je suis schizophrène aussi dans ma vie intime », ajoute-t-il, comme pour nous rassurer. A porter son casque à visière, Cascadeur prend, de fait, un risque quand il monte sur scène. « Avec, j'entends mal ma voix. A un moment, j'ai failli l'abandonner. » Mais le casque a des avantages qu'un Cascadeur pro ne peut ignorer. « Il me protège. Pour moi, chanter est quelque chose de terriblement émouvant. Sur scène, je peux craquer de manière invisible. » Et nous, on peut « craquer », sans pudeur, toutes larmes dehors. Parce que les chansons de Cascadeur, c'est notre vie en beau, ses amours en ut et ses drames en arpèges.