Syrie: Bachar Al-Assad promet de réformer
RÉVOLTE•ingt mille personnes se sont rassemblées à Deraa en mémoire de victimes de la répression...Anthony Nataf
Ils étaient près de 20.000 à s'être rassemblés hier dans un cimetière de Deraa, ville du sud de la Syrie, foyer d'une contestation sans précédent contre le régime. Les opposants ont célébré les funérailles de manifestants tués la veille par les forces de sécurité.
Au moins 37 personnes sont mortes mercredi, selon des sources médicales. «Le sang des martyrs ne sera pas versé en vain», a scandé la foule, encadrée par la police secrète et par des centaines de soldats, kalachnikov en main. Au fil des manifestations quasi quotidiennes, les Syriens n'ont rien cédé dans leurs revendications pour plus de liberté, dans un pays verrouillé par le parti Baas depuis quarante-huit ans.
Déstabilisation régionale
La conseillère du président Bachar al-Assad, Boussaïna Chaabane, a annoncé jeudi que le dirigeant allait mettre sur pied une commission pour étudier la levée de l'état d'urgence en vigueur depuis 1963.
Al-Assad a aussi promis une législation sur la liberté de la presse et sur les partis politiques. Mais rien ne dit que ces déclarations seront de nature à calmer la fronde. Au début de la contestation, le régime avait pris les devants en annonçant des réformes, sans succès.
Pour Antoine Basbous, directeur de l'Observatoire des pays arabes, «cela va encourager les manifestants à insister davantage. Ils vont se dire qu'Assad lâche sous la pression.» «Avec ce que nous voyons actuellement dans les pays arabes, les peuples qui se soulèvent ne peuvent plus se satisfaire de simples réformes», relève Mansouria Mokhefi, spécialiste du Moyen Orient à l'Institut français des relations Internationales.
Ce qui est sûr c'est que l'équilibre –tout relatif– de la région est lié au destin du pays. «Si le régime tombe, l'Iran sera très ennuyé, car il y aura une rupture géographique avec le Hezbollah au Liban, explique Antoine Basbous. L'arc chiite sera sectionné et cela aura des répercussion au-delà de la seule Syrie.»