Dany Leprince : le parquet demande un nouveau procès et éreinte l'enquête

Dany Leprince : le parquet demande un nouveau procès et éreinte l'enquête

Le parquet général a durement mis en cause les défaillances de ...
© 2011 AFP

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Le parquet général a durement mis en cause les défaillances de l'enquête pour demander jeudi à la Cour de révision d'accorder un nouveau procès à Dany Leprince, 53 ans, condamné à la perpétuité pour le meurtre de son frère et de sa famille en 1994 dans la Sarthe.

Au-delà de sa demande d'annulation de la condamnation de Dany Leprince, qui était présent, l'avocat général Claude Mathon a assuré qu'il s'emploierait à ce que l'action publique soit "rouverte par le parquet du Mans".

Cela signifie qu'une nouvelle instruction pourrait être ouverte, au vu des éléments apparus dans la procédure depuis le procès d'assises de 1997.

Face à la Cour de révision, l'avocat général a très clairement évoqué l'ex-femme de Dany Leprince, Martine Compain, laissant entendre qu'une nouvelle enquête devrait examiner plus précisément son rôle éventuel dans la tuerie.

En décembre 1997, Dany Leprince, que certains avaient surnommé "le boucher de la Sarthe", avait été reconnu coupable des meurtres de son frère Christian, 34 ans, de sa belle-soeur Brigitte, 36 ans, et de ses nièces, Sandra, 10 ans, et Audrey, six ans, le 4 septembre 1994 à Thorigné-sur-Dué (Sarthe). Seule Solène, deux ans, avait miraculeusement échappé à la tuerie.

"Si on soupèse les charges contre contre Dany Leprince et les éléments qui peuvent être retenus contre Martine Compain, on s'aperçoit que les charges contre Dany Leprince, ça mène à la réclusion criminelle à perpétuité et que les charges contre Martine Compain, ça mène à une audition comme témoin", s'est indigné jeudi le représentant du ministère public.

"Pourquoi n'a-t-elle pas été mise en examen ? (...) C'est incompréhensible", a encore déclaré Claude Mathon.

"J'ai honte", a-t-il poursuivi, en évoquant l'acte d'accusation qui affirme que Dany Leprince a reconnu le quadruple meurtre en garde à vue, alors qu'il n'avait avoué que celui de son frère, avant de se rétracter. Quant aux scellés, "il est absolument inadmissible qu'ils aient été détruits", a-t-il tonné, avant de critiquer le travail des médecins-légistes.

"Je pense que quand de telles anomalies sont constatées, les fait nouveaux ou les éléments inconnus doivent être accueillis avec beaucoup moins de rigueur et beaucoup plus de compréhension", a-t-il indiqué.

Pêle-mêle, l'avocat de Dany Leprince, Me Yves Baudelot, avait détaillé un peu plus tôt la liste de ces faits nouveaux : découverte d'un couteau gravé Leprince dans une carrière voisine, saisie chez les Leprince d'un couteau jaune avec des traces compatibles avec l'ADN de Martine Compain, découverte de relations privilégiées que cette dernière entretenait avec les enquêteurs, ainsi qu'avec un auditeur de justice mêlé à la procédure.

Pour Me Yves Baudelot, ces faits "font naître plus qu'un doute sur la culpabilité de Dany Leprince : ils établissent même son innocence".

L'avocat général, lui, a épinglé un examen psychologique réalisé par Martine Compain à la demande de la commission de révision. Les experts y évoquent la possibilité d'une "simulation" et décrivent un discours "utilitaire et inauthentique".

Surtout, l'intéressée avait alors déclaré : "Je me demande si je n'ai pas fait quelque chose. J'ai peut-être tué quelqu'un". Des propos qui pour l'avocat général "ne peuvent être passés sous silence".

C'est libre que Dany Leprince attendra la décision de la Cour de révision, le 6 avril, puisqu'il a été libéré le 8 juillet 2010 en raison des nombreux éléments nouveaux apparus dans la procédure.

"J'ai vécu 16 années d'enfer, mais sans jamais désespérer, a-t-il dit jeudi à la Cour. Je souhaiterais que soit mis un terme à ce calvaire".

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