Tournoi : Marc Lièvremont "on repart de zéro"
•L'entraîneur du XV de France Marc Lièvremont a tiré à boulets ...© 2011 AFP
L'entraîneur du XV de France Marc Lièvremont a tiré à boulets rouges sur ses joueurs dimanche au lendemain de la défaite (22-21) contre l'Italie, pointant "une forme de lâcheté" et estimant "qu'ils ont trahi le maillot qu'ils portent", et il a indiqué qu'à six mois du Mondial "on repart de zéro".
Q: Quels enseignements tirez-vous de cette défaite ?
R: "Ce qui est certain, et je l'ai dit aux joueurs, c'est que je m'étais engagé les yeux dans les yeux par rapport à un certain nombre d'entre eux sur leur participation certaine ou quasi certaine à la Coupe du monde et que tout ça est remis en question. Le match d'hier, c'est le match de trop. Peut-être que je me suis trompé. Même si j'étais le seul à le voir, sur les trois premiers matches j'avais trouvé des motifs de satisfaction. Mais le match d'hier vous donne raison. La Coupe du monde va démarrer le 28 juin (date du rassemblement, NDLR), on aura deux mois pour la préparer et on part de pas grand-chose si j'en juge par les contenus d'hier. On repart de zéro. Ceci dit, il faudra bien envoyer trente mecs. Je suis un petit peu dans l'impasse."
Q: Les joueurs ont-ils bénéficié de trop de confort ?
R: "Peut-être. Je me sens responsable. Dès le début de la semaine j'avais sensibilisé les joueurs sur le fait que la défaite en Angleterre était peut-être encourageante mais qu'on avait quand même perdu. Que les Italiens allaient jouer leur vie sur ce match. Manifestement, les joueurs se sont trahis eux-mêmes, ils ont trahi le maillot qu'ils portent. Je ne sais pas de quoi ils ont besoin. L'entraîneur est parfois père fouettard, un peu psy, je dois être un peu des deux mais pas suffisamment. Ceci dit quand je vois les noms, le nombre de sélections autour de ce match, il y a de quoi être plus que déçu."
Q: Conservez-vous quelques certitudes ?
R: "Quand vous venez de perdre pour la première fois contre l'Italie avec de tels contenus... Ca me gêne de rester positif et de dire qu'on a le droit de passer à côté d'un match. J'estime que vu tout ce qui s'est passé en 2010, on n'avait pas le droit hier. Encore une fois, j'ai certainement ma part de responsabilité. Même si je crains et respecte cette équipe d'Italie, qu'on peut toujours trouver des circonstances atténuantes, les allers-retours en Top 14, la fatigue, ceci, cela, le projet de jeu... Quand on a le culot, ou une forme de bêtise ou de lâcheté, de revenir sur le projet de jeu après un tel brouillon, ça aussi ça dépasse l'entendement."
Q: En avez-vous parlé avec vos joueurs ?
R: "J'ai pas mal échangé avec Thierry (Dusautoir, le capitaine, NDLR) mais Thierry, il se bat, c'est un capitaine de combat. Certains lui disent des choses mais je pense qu'ils l'ont trahi lui aussi sur le terrain. Je tiendrai compte de son avis comme il se doit."
Q: Ne faut-il pas mettre cartes sur table ?
R: "Les joueurs manquent de courage, il faut le reconnaître. Ce sont des bons garçons, j'ai trop tendance à les considérer comme des bons garçons. Mais quand on perd comme on l'a fait hier, tous ses duels, il y a quand même une forme de lâcheté qui me paraît complètement évidente. Je ne sais pas s'il faut s'en inquiéter, si c'est la tendance de cette nouvelle génération. Mais le groupe d'hier était quand même assez expérimenté. On n'en a pas pris 60 comme contre l'Australie mais dans les contenus, c'était assez équivalent."
Q: Certains ont-ils porté pour la dernière fois le maillot du XV de France ?
R: "Oui, peut-être. Certainement, même."
Q: Faut-il, pour se rassurer, restreindre le jeu ?
R: "Vous pensez vraiment que je me reconnais dans les contenus de ce qu'on a produit hier ? Vous pensez vraiment que c'est ce que je demande à mes joueurs, que c'est ce que je produis à l'entraînement ? J'ai honte qu'on puisse penser ça mais je comprends qu'on le pense. Je n'ai pas l'impression qu'on leur demande la lune. Je ne demande pas des choses compliquées. On travaille certains principes de relances de jeu que les joueurs ont du mal à mettre en place parce qu'ils ont du mal à mettre en place des choses simples. Ca me fait chier de me dédouaner comme ça mais je ne me reconnais évidemment pas dans ce que produisent les joueurs. Quand je revois le match, c'est l'hallucination."