Procès Chirac: le report pourrait profiter au Front national
POLITIQUE- Les éditorialistes estiment ce mercredi que le report du procès de l'ancien président pourrait apporter «de l'eau au moulin populiste de Marine Le Pen»...© 2011 AFP
De nombreux éditorialistes estiment mercredi que le report du procès de Jacques Chirac, en donnant le sentiment d'une «justice à deux vitesses», pourrait encore apporter «de l'eau au moulin populiste de Marine Le Pen». Procès Chirac renvoyé de plusieurs mois et montée en puissance de Marine Le Pen, donnée en tête de la présidentielle dans deux sondages Harris Interactive : «Les télescopages d'actualités prennent parfois un sens particulier», écrit Michel Lepinay dans Paris-Normandie.
Même si les raisons juridiques du report du procès de l'ancien chef d'Etat ne sont pas discutées, «il est surtout à craindre que beaucoup y voient un arrangement entre puissants, le symbole d'une justice à géométrie variable», analyse Dominique Quinio dans La Croix. «Ils y nourriront leur rejet de la classe politique. A quel profit ?», ajoute l'éditorialiste du quotidien catholique.
Alimenter le populisme
Patrick Pépin craint en effet dans Nord-Eclair de voir «confortés ceux qui croient toujours moins dans la justice de la République. Et par là même alimentent les populismes». Philippe Waucampt se dit lui aussi persuadé, dans Le Républicain lorrain, que «le renvoi du procès Chirac aux calendes grecques ne fera qu'exacerber la hargne des petits contre les grands, du bas contre le haut, des démunis contre les nantis.
«Le tribunal correctionnel de Paris accrédite l'idée reçue qu'il y a bien, en effet, une justice à deux vitesses dans notre beau pays, et apporte la preuve supplémentaire de l'impunité des puissants», estime Patrick Planchenault dans L'Est-Eclair. «Quand un ancien président de la République échappe aussi longtemps à la règle commune, cela contribue à alourdir un climat déjà pesant, dont aucun parti classique ne pourra tirer bénéfice. Pas bon, pas bon du tout pour la démocratie», renchérit Francis Laffon du quotidien L'Alsace.
Marine Le Pen au plus haut
Plusieurs éditorialistes citent la présidente du Front national comme une bénéficiaire collatérale de cette décision de justice, qui «apporte de l'eau au moulin populiste de Marine Le Pen», insiste Michel Lepinay (Paris-Normandie).
«Marine Le Pen peut dire merci à Jean-Yves Le Borgne», ironise Bruno Dive dans Sud-Ouest en référence à «cet avocat procédurier (qui) a remis un peu de carburant dans le moteur à explosion du populisme», en obtenant le renvoi du procès Chirac. «Cet épilogue judiciaire qui n'ose même pas dire son nom est un carburant précieux pour le fonds de commerce du Front National: le rejet des élites et d'une république des "copains et des coquins" davantage préoccupée par son confort et la perpétuation de ses passe-droits que par l'intérêt général», conclut Dominique Garraud dans la Charente libre.