AUTOMOBILEEspionnage chez Renault: Le comité de sécurité dans la tourmente

Espionnage chez Renault: Le comité de sécurité dans la tourmente

AUTOMOBILEDes doutes s'installent sur ses méthodes d’enquête...
Le logo Renault.
Le logo Renault.  - Jacques Brinon/AP/SIPA
Thibaut Schepman

Thibaut Schepman

L’affaire d’espionnage présumé chez Renault n’en finit pas de rebondir. Et, à chaque nouvel épisode, le comité de sécurité de l’entreprise est un peu plus exposé. C’est lui qui est à l’origine de l’éviction des salariés, mais ses pratiques restent mystérieuses. Vendredi, France Soir publie de nouvelles révélations sur ce comité alors que Renault annonce avoir lancé un audit interne.

De quelles informations dispose le service de sécurité?

Dans leur lettre de licenciement, les trois salariés mis en cause sont accusés de «pots-de-vin» et de «sommes d'argent de source étrangère» reçues en échange d'information stratégique sur l'entreprise. Sauf que cette version est sérieusement mise en doute. D’abord par les accusés qui ont nié en bloc, et ont montré que de nombreux points d’ombre entourent cette affaire.

Puis par le Canard Enchaîné, qui a révélé qu’au moins un des employés n’avait pas de compte en banque en Suisse. La DCRI (Direction centrale des renseignements intérieur) enfin a affirmé à l’AFP ne disposer «d'aucun des éléments des investigations menées par des enquêteurs commandités par Renault». Le comité de sécurité de Renault n'aurait donc transmis aucun document à la justice. Contactée par 20minutes.fr, l’entreprise affirme qu’elle coopère «pleinement avec la DCRI».

Comment ont-ils enquêté?

Les conditions d’enquête du service de sécurité sont plus troubles encore. Le Canard enchaîné révèle ainsi que c’est un «détective privé», salarié du groupe d’intelligence économique Geos, qui a mené les investigations. Il aurait été choisi après une première dénonciation par lettre anonyme. Il a servi d’intermédiaire entre le service de sécurité de Renault et une équipe de hacker,chargée d’espionner les comptes des suspects, et rémunérée grâce à un «montage financier» qui s’élèverait à plus de 100.000 euros selon l’hebdomadaire satirique.

Geos a confirmé depuis qu’un salarié «a pris l'initiative, à titre personnel et sans en référer à sa hiérarchie, de servir d'intermédiaire entre ses contacts chez Renault et un tiers investigateur», et qu’il a depuis été licencié. Problème, il se serait contenté de donner les informations par oral au comité de sécurité de Renault, sans aucune preuve écrite.

Vendredi, une nouvelle enquête, réalisée par France Soir, jette à nouveau le trouble sur les méthodes de sécurité de Renault. Un ancien membre de la sécurité de l'entreprise assure qu’il a jusqu’en 2002 pratiqué de nombreuses méthodes illégales, dont la fouille de poubelles de certains salariés et l’installation de caméras de surveillance dans le cadre de ses fonctions. Des informations que «refuse de commenter l’entreprise» à l’heure actuelle, mais qui confirmeraient les pratiques parfois douteuses du comité de sécurité.

Que peut faire Renault?

Carlos Ghosn a demandé en janvier dernier à Christian Husson, chargé de la déontologie dans l’entreprise, de mener un audit interne sur la sécurité de l’entreprise, indique une porte-parole vendredi à 20minutes.fr, confirmant une information de la radio BFM . Aucune date n’est pour l’instant fixée pour le rendu. «Nous sommes un groupe responsable qui respecte la loi. Nous avons depuis créé depuis 2007 un comité de déontologie chargé de faire respecter des règles strictes, notamment par le comité de sécurité», explique porte-parole du groupe. Et Carlos Ghosn a répété à plusieurs reprises que le groupe avait des éléments de preuves et était bien «victime» dans l’affaire. Reste à savoir si elle a été victime d’espionnage… ou de manipulation. Dans la seconde hypothèse, elle s’apprêterait à provisionner des fonds pour verser des indemnités aux salariés licenciés, selon France Soir . «Une rumeur de plus», selon l’entreprise. Et une question de plus dans le lot de mystères qui entourent cette affaire.