"Ca commence à bien faire !": la phrase de Sarkozy qui a marqué les écolos

"Ca commence à bien faire !": la phrase de Sarkozy qui a marqué les écolos

L'environnement, "ça commence à bien faire": la petite phrase ...
© 2011 AFP

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L'environnement, "ça commence à bien faire": la petite phrase de Nicolas Sarkozy, il y a un an au Salon de l'agriculture, a marqué un tournant dans la politique du chef de l'Etat selon les écologistes, repartis à l'assaut du modèle productiviste à l'occasion de l'édition 2011.

"On a malheureusement l'impression que cette phrase a ouvert la voie aux grenello-sceptiques, le rapport de force s'est déséquilibré et on a vécu une année difficile", souligne Benoît Hartmann, porte-parole de France Nature Environnement (FNE), fédération écologiste qui a réveillé cette semaine le vieux clivage agriculteurs-écologistes avec des affiches-chocs sur les algues vertes, les OGM ou encore les pesticides.

Le 6 mars 2010, en pleine campagne pour les régionales, à la veille de la clôture du Salon de l'agriculture, Sarkozy lançait au monde agricole: "Je voudrais dire un mot de toutes ces questions d'environnement. Parce que là aussi, ça commence à bien faire".

Un an plus tard, Serge Orru, le directeur général de WWF-France, attend "toujours avec impatience le président dire que cette phrase a été mal interprétée ou sortie de son contexte...".

Aux yeux des acteurs du Grenelle, la suite des événements n'a fait que confirmer ces propos, tenus dans le contexte de grande déception suscitée par les conclusions du sommet de Copenhague, avec le report de la taxe carbone et des débats difficiles pour inscrire dans la loi les engagements du Grenelle.

"C'est de l'opportunisme politique. Avec le Grenelle, il (M. Sarkozy) avait voulu préempter l'écologie pour réduire le champ de ses opposants, mais au moment où électoralement ça allait moins bien, il a choisi de se replier sur ses bases traditionnelles", analyse François Veillerette, porte-parole de Générations futures, association qui milite contre les pesticides.

L'association doute par exemple de la volonté du gouvernement d'appliquer à la lettre la réduction de 50% de l'usage des pesticides d'ici 2018, décidée lors du Grenelle.

"Cela a encouragé le productivisme agricole à rester droit dans ses bottes", confirme Lylian Le Goff, spécialiste des OGM chez FNE, évoquant la baisse des aides en faveur de l'agriculture biologique.

"On ne pourra jamais atteindre les 6% de production en termes de surface cultivée en 2012 (l'objectif du Grenelle). Il y a deux ou trois ans, on pouvait encore l'envisager, désormais c'est strictement impossible", estime-t-il.

"C'est un mauvais calcul de vouloir opposer agriculteurs et +écolos+, beaucoup d'agriculteurs sont les premiers à se plaindre de la dégradation de l'environnement", nuance toutefois Arnaud Gossement, qui avait participé au Grenelle en tant qu'ancien porte-parole de FNE.

Nul doute que agriculteurs et écologistes seront en tout cas particulièrement attentifs aux propos de Nicolas Sarkozy, qui inaugure samedi matin le Salon de l'agriculture en pleine polémique soulevée par FNE.

Mercredi, en conseil des ministres, le chef de l'Etat a critiqué la campagne écologiste en estimant qu'elle constituait davantage "une posture contre les intérêts économiques de notre agriculture qu'une véritable défense de l'agriculture durable", selon des propos rapportés par Le Figaro et confirmés par un ministre.

Une campagne qui a déjà été qualifiée mercredi de "scandaleuse" par le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire.

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