Smartphones: Qui empoche l'argent quand vous téléchargez des applications?
INTERNET•Ce business en pleine expansion fait des envieux...Thibaut Schepman
Un petit jeu hyper-addictif qui fait passer le temps dans le métro. Un outil GPS ou encore un programme vous connectant à votre réseau social préféré. Les «applications», petites extensions facilement téléchargeables, inondent les smartphones. Le nombre de téléchargements devrait même dépasser les 18 milliards en 2011 selon le cabinet américain Gartner. Qui profite de ce nouveau marché?
Apple règne chez les distributeurs
Pour télécharger une application, il faut passer par un distributeur, une boutique en ligne (1). A chaque smartphone sa boutique. Les trois quarts des applications sont gratuites, et ne rapportent donc rien. Mais pour le quart restant, qui se vend à 1,50 euro en moyenne l’unité, le distributeur empoche 30% du prix. Apple domine largement le secteur et rafle 70% des parts de ce marché divisé entre cinq distributeurs (1).
La marque à la pomme a dépassé les 10 milliards d’applications téléchargées en trois ans. Aucune donnée n’existe sur les bénéfices potentiels pour Apple. Mais Renaud Ménérat, PDG d’User ADgents, auteur d’une étude sur ce marché, estime que ces téléchargements représentent 1,3 milliard de chiffre d’affaires pour Apple. «C’est encore assez faible par rapport aux revenus tirés de la vente de terminaux. Mais la vente d’applications devrait largement augmenter». Selon le cabinet Gartner, ce marché devrait tripler et peser 15,1 milliards de dollars pour les seuls distributeurs en 2011. Dont une très grande partie pour Apple.
Une foule d’éditeurs, quelques gagnants…
A l’inverse, les éditeurs sont pléthores. Plus de 300.000 applications sont commercialisées sur le seul App Store français, qui intègre chaque jour plus de 600 nouvelles. Les éditeurs récoltent certes 70% du prix de chaque vente, mais rares sont ceux qui parviennent à tirer leur épingle du jeu dans ce marché saturé. On note tout de même quelques heureux gagnants, comme la société finlandaise Rovio Mobile . Elle commercialise ses jeux à seulement 79 centimes d’euros, mais les écoule à plusieurs millions d’exemplaires, comme le fameux Angry birds. En France, Magma mobile s’est fait remarqué avec son application de Pinball pour Androïd. Avec plus de 20 millions de téléchargements, il est l’un des plus gros éditeurs sur Androïd. Ces éditeurs à succès jouissent d’un autre jackpot, les revenus publicitaires, qui dépendent bien sur de leur succès auprès des utilisateurs.
…et beaucoup de perdants
Restent quelques acteurs encore écartés de cette manne et qui voudrait bien en profiter. Lundi, lors du salon international du mobile à Barcelone, le PDG d’Orange Stéphane Richard s’est élevé contre «le monopole» d’Apple sur la vente d’applications dans une interview au Figaro. Chez Orange, on assure qu’aucun projet de boutique n’est dans les cartons. Mais les spécialistes du secteur estiment que de nombreux acteurs pourraient créer leurs boutiques d’application en ligne. Parmi eux figurent notamment Amazon, des éditeurs de livres ou de presse, et des regroupements d’opérateurs téléphoniques… comme Orange.