«Et de deux!» se réjouit la presse française
REVUE DE PRESSE –Les éditorialistes se demandent maintenant «à qui le tour?»...© 2011 AFP
Après la fuite de Ben Ali en janvier et Hosni Moubarak quittant le pouvoir en février, le monde a les yeux rivés vers les autres pays arabes, notamment vers l’Algérie où une grande manifestation est prévue ce samedi, à Alger.
Contagion
«La peur change de camp et l’angoisse s’insinue sous le crâne des dictateurs», note Laurent Joffrin dans Libération. «Et de deux! En moins de cent jours, à Tunis et au Caire, deux régimes qu?on pensait inexpugnables sont passés à la trappe de l?histoire», se réjouit-il.«De nombreux régimes autoritaires vont devoir s'adapter à la nouvelle donne, ou bien se préparer à passer la main», estime Pierre Rousselin dans Le Figaro.
Pour Yves Harté de Sud Ouest «La Tunisie était une brèche comme le furent à l’Est les premières fissures de Pologne ou de Hongrie. Sur les bords du Nil, ce mouvement est un symbole majeur. Dans le monde arabe, tout part d’Égypte. Tout revient vers l’Égypte.»
«La contagion de la liberté continue donc de gagner le monde arabe que l’on croyait ligoté, comme momies, dans les bandelettes de la dictature», estime Xavier Panon (La Montagne). «Aujourd?hui les yeux se tournent vers l’Algérie où perce également une aspiration à la liberté sur fond d’exaspération sociale. On ne sait pas si l’air frais de Tunis et du Caire y soufflera aussi vite qu’à côté. Quand le vent de l’histoire souffle, il ne s’arrête pas toujours aux frontières», ironise l'éditorialiste.
«La prise de la Bastille égyptienne»
Michel Vagner de L'Est Républicain juge que «l’évènement est considérable, il présage d'un bouleversement profond dans le Moyen-Orient et le Maghreb (en Algérie peut-être, demain, au Yémen ou ailleurs) et s'il est lourd encore de menaces, l'heure est d'abord à la célébration de la prise de la Bastille égyptienne.» Pascal Jalabert fait chorus dans Le Progrès et pense que «ce crépuscule des dictateurs millionnaires illumine le ciel du monde arabe de deux questions brûlantes: A qui le tour ? Et après?»
Dans Nord Eclair, Patrick Pépin se demande «après Le Caire, quelle sera la capitale touchée par cette lame de fond? Au Maghreb pour l'instant, l'Algérie semble le pays le plus fragile», analyse-t-il en rappelant que «comme dans un jeu où les dominos tombent les uns derrière les autres, l'Egypte fait suite à la Tunisie et confirme les aspirations démocratiques de la rue arabe et musulmane.»
«L'Egypte ne sera plus jamais la même»
«De Saana, à Beyrouth, de la Cisjordanie, du Maroc, en Tunisie, tout le monde arabe vit cette révolution comme un encouragement contre les régimes autocratiques qui briment les libertés», confirme Jean-Marcel Bouguereau dans La République des Pyrénées.
De son côté, Jacques Camus (La République du Centre) cite Obama: «L'Egypte ne sera plus jamais la même». Et d'ajouter: «notre façon de voir le monde arabe non plus!». «Une nouvelle tête est tombée. Après Ben Ali le vendredi 14 janvier, c’est au tour de Moubarak de fuir sous la pression populaire, un autre vendredi. Un peu comme si les dictateurs s’étaient échangés la bonne feuille de route : discours à la télé le jeudi et paquetage le lendemain», ironise Yann Marec dans Le Midi Libre.