CONSOMMATIONLa bio au beau fixe

La bio au beau fixe

CONSOMMATIONLes chiffres de l'agriculture bio en 2010 sont encourageants pour l'avenir de la filière…
Illustration: les produits bio dans les supermarchés.
Illustration: les produits bio dans les supermarchés. - DURAND FLORENCE/SIPA
Audrey Chauvet

Audrey Chauvet

Malgré la crise et la réduction des aides fiscales, l’agriculture biologique commence 2011 sous de bons auspices. Présentés jeudi par l’Agence bio, les chiffres de 2010 sont très encourageants: hausse de 50% du nombre d’exploitations bio depuis 2008, augmentation des surfaces cultivées en bio de 23,5% entre 2009 et 2010, et intérêt croissant des consommateurs qui ont acheté 10% de produits bio en plus l’année dernière par rapport à 2009.

Objectif 6% de la surface agricole en 2012

Attirés par ce marché en plein développement, de plus en plus d’agriculteurs, dans toutes les filières, se convertissent au bio. Ils étaient 20.600 fin 2010 à répondre aux critères du label AB ou à être dans les trois années de conversion des terres. Par rapport à 2009, ce sont 4.100 nouveaux agriculteurs recrutés par la filière bio, soit une hausse de 22%. La France compte désormais 836.000 hectares en bio, soit environ 2,9% de la SAU française (surface agricole utile) estime Elisabeth Mercier, directrice de l’Agence Bio.

On est encore loin de l’objectif du Grenelle de l’environnement de porter la SAU cultivée en bio à 6% d’ici à 2012. Toutefois, la réduction de moitié du crédit d’impôts accordé aux agriculteurs en conversion, annoncé dans la loi de finances 2011, n’inquiète pas réellement François Thiery, président de l’Agence bio, qui dénonce toutefois un signal négatif: «Globalement, le soutien n’est pas en baisse car il y aura des aides qui pourront maintenant être cumulées. Le vrai problème est un problème d’affichage et de lisibilité de l’engagement de l’Etat, nécessaire à la conversion au bio.»

L’arrivée de bébés dans les familles incite à consommer bio

Du côté des consommateurs, la bio est toujours en progression. En croissance de 10% par rapport à 2009, le marché du bio a été boosté par la hausse des ventes de liquides, essentiellement les jus de fruits en grandes surfaces (+26%) et par l’épicerie (soupes, compotes, pains de mie,…) et les produits frais.

Les ménages qui se convertissent à ce nouveau mode de consommation, pour leur santé, pour le goût des produits ou pour l’environnement, sont de plus en plus nombreux: «Nous avons cette année 25% de consommateurs bio qui déclarent l’être depuis moins de deux ans, notamment grâce à des produits recruteurs comme le lait: l’arrivée d’un bébé dans la famille est un facteur de consommation bio», explique François Thiery.

Les importations: majoritairement des fruits exotiques

Face à cette demande croissante, les importations sont toujours nécessaires. L’Agence bio relativise: « Un tiers à la moitié des fruits et légumes importés sont des produits exotiques. Les autres viennent en majorité de pays voisins, Italie, Espagne, Pays-Bas, et reflètent soit une insuffisance de l’offre soit un complément de gamme lié à la saisonnalité», explique Elisabeth Mercier.

Si quelques uns persistent à vouloir manger des tomates fraîches en hiver, les habitudes de consommation changent progressivement: 93% des consommateurs de bio déclarent acheter plus de produits de saison, 89% plus de produits frais, 83% disent éviter les pertes et le gaspillage, et 67% ont diversifié leurs lieux d’achats. Ainsi, 45% des achats de fruits et légumes bio se font sur les marchés, et les magasins spécialisés ou la vente directe à la ferme ont un succès croissant.