Egypte: Les deux décès signalés mercredi au Caire ne seraient pas liés aux manifestations
MONDE•Près d'un demi-millier de manifestants ont été arrêtés depuis lundi...C.C. avec Reuters
DERNIERE INFORMATION - 7h22: Les deux décès signalés mercredi soir au Caire ont été provoqués par un accident de la circulation et n'ont pas de lien avec les affrontements entre police et manifestants, a déclaré un responsable de la sécurité égyptienne.
Les deux décès signalés mercredi soir au Caire ont été provoqués par un accident de la circulation et n'ont pas de lien avec les affrontements entre police et manifestants, a déclaré un responsable de la sécurité égyptienne, contredisant une autre source proche des forces de l'ordre. Un policier et une passante sont morts après avoir été renversés par une voiture près du centre du Caire, un autre homme a été blessé et une enquête est en cours, a expliqué ce responsable souhaitant rester anonyme.
Des manifestants égyptiens ont incendié mercredi soir un bâtiment gouvernemental dans la ville de Suez et tenté de mettre le feu à des locaux du parti au pouvoir, rapportent des sources proches des services de sécurité et des témoins. La Maison blanche a annoncé de son côté qu'elle suivait «de près» la situation en Egypte, et a réitéré le soutien des Etats-Unis à la liberté d'expression et de réunion du peuple égyptien, alors que la police a tiré des balles en caoutchouc pour disperser les manifestants au Caire. Prié de dire si les Etats-Unis soutenaient toujours le président Hosni Moubarak, cible des manifestations de ces derniers jours, le porte-parole de la présidence, Robert Gibbs, a répondu que l'Egypte demeurait «un allié proche et important».
De son côté, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a invité instamment le gouvernement égyptien à autoriser la tenue de manifestations de protestation pacifiques et à ne pas bloquer les réseaux sociaux. Pour elle, la situation actuelle constitue une occasion importante de mettre en oeuvre des réformes dans le champ politique, économique et social.
Les forces de l'ordre ont agi avec retenue selon le Premier ministre
Le Premier ministre égyptien, Ahmed Nazif, a déclaré ce mercredi que son gouvernement défendrait la liberté d'expression par des moyens légitimes et assuré que les forces de l'ordre avaient agi avec retenue lors des manifestations de la veille. «Le gouvernement est résolu à garantir la liberté d'expression par des moyens légitimes», a-t-il dit, cité par l'agence de presse officielle Mena. D'après une source proche du ministère de l'Intérieur, les autorités ont procédé à un demi-millier d'interpellations lors des manifestations anti-gouvernementales de lundi et mardi.
Cette annonce intervient alors que, malgré les avertissements du gouvernement égyptien indiquant qu'il ne tolérerait pas de nouvelles manifestations, des milliers de manifestants se sont rassemblés ce mercredi soir dans le centre du Caire.La police égyptienne a tiré des balles en caoutchouc pour les disperser, rapportent des témoins. Des policiers en civil ont interpellé des personnes parmi la foule et les ont frappées à coups de matraques, ajoutent-ils.
«Le peuple veut la chute de ce régime», scandait la foule. Auparavant, quelques dizaines de manifestants s'étaient rassemblés au même endroit avant d'être délogés par une importante présence policière.
«Aucun mouvement provocateur ou rassemblement de protestation» toléré
«Aucun mouvement provocateur ou rassemblement de protestation, ou quelque marche ou manifestation ne sera autorisée, et des procédures judiciaires immédiates seront engagées, et les participants seront remis aux autorités judiciaires», avait pourtant déclaré le ministère de l'Intérieur, cité par l'agence de presse égyptienne Mena.
Une annonce faite alors que le calme semblait revenu ce mercredi matin dans les rues du Caire, au terme d'une journée de manifestations sans précédent contre le président égyptien Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981. La police a tout de même eu recours aux gaz lacrymogènes et aux canons à eau aux premières heures pour disperser des manifestants qui occupaient encore la place Tahrir, dans le centre de la capitale. A l'aube, les rues avaient retrouvé une apparence normale, et la circulation était fluide dans la ville.
Poursuite des manifestations «jusqu'au départ de Moubarak»
«A bas, à bas Hosni Moubarak!», scandaient des manifestants après avoir quitté la place. Certains ont lancé des pierres en direction des policiers, qui ont chargé armés de matraques pour les dissuader de regagner la place. Certains manifestants ont annoncé leur intention de se regrouper durant la journée de ce mercredi.
Le mouvement de jeunesse de l'organisation d'opposition du 6-Avril a appelé sur sa page Facebook à la poursuite des manifestations non seulement ce mercredi mais aussi les jours suivants, «jusqu'au départ de Moubarak». Coïncidence ou non, les réseaux sociaux Twitter et Facebook ne sont plus accessibles aux internautes égyptiens respectivement depuis mardi et ce mercredi, d'après de nombreux utilisateurs de Twitter.
Les forces de sécurité sur le qui-vive
Les forces de sécurité, elles, ont indiqué que les manifestants ne seraient pas autorisés à se rassembler. Un journaliste de Reuters a vu mercredi, en milieu de matinée, au moins dix fourgons anti-émeutes quitter une base militaire du Caire.
Deux manifestants ont été tués par des tirs de balles en caoutchouc et un policier après avoir reçu une pierre sur la tête dans les affrontements de mardi. Un troisième manifestant, un homme de 45 ans, blessé au ventre par des balles en caoutchouc lors des manifestations qui se sont déroulées à Suez mardi, est décédé ce mercredi matin de ses blessures à l'hôpital. Outre Le Caire, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes du pays, dont Alexandrie et Assouan, où la foule, inspirée par l'exemple tunisien, dénonçait la pauvreté et la répression.
La rumeur court que le fils d'Hosni Moubarak, Gamal, présenté comme son successeur à la tête du pays, a quitté l'Egypte en direction de Londres mardi soir, en compagnie de sa femme et de leur fille. Ce mercredi midi, le Home Office (équivalent britannique du ministère de l'Intérieur français) a refusé de confirmer ou infirmer l'information, se bornant à répondre qu'il «ne commente pas le séjour de particuliers en Grande-Bretagne».