REVOLTETunisie: La police utilise du gaz lacrymogène pour disperser des manifestants

Tunisie: La police utilise du gaz lacrymogène pour disperser des manifestants

REVOLTEInstallés devant les bureaux du Premier ministre, ils réclament la démission du gouvernement tunisien...
Avec Reuters

Avec Reuters

La police tunisienne a fait usage de gaz lacrymogène ce lundi pour disperser des manifestants qui s'étaient installés la veille au soir devant les bureaux du Premier ministre afin de réclamer la démission d'un gouvernement qu'ils jugent toujours lié au président déchu Zine el-Abidine ben Ali.

Plusieurs membres de cette «Caravane de la liberté», arrivés la veille de zones rurales déshéritées, ont passé la nuit sur place et brisé des vitres au ministère des Finances voisin. La police et l'armée ont bloqué environ 500 manifestants dans l'enceinte des bâtiments gouvernementaux de la casbah tandis qu'un millier d'autres, rassemblés dans un parc voisin, étaient tenus à distance.

«Pourquoi est-ce qu'on ne nous laisse pas briser les barrières et rejoindre nos frères? Pourquoi nous disent-ils qu'ils vont nous laisser protester si c'est pour nous en empêcher? Est-ce qu'ils ont peur que le gouvernement soit vraiment malmené? On dirait que le régime de Ben Ali est de retour», s'est indigné Kamal Achour, un Tunisois. Des manifestants se rassemblent depuis plusieurs jours sous les fenêtres du Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, mais les forces de l'ordre, elles-mêmes dans l'expectative quant à leur avenir, toléraient jusqu'ici leur présence.

Beaucoup de manifestants viennent de Sidi Bouzid

Dix jours après la fuite de Ben Ali en Arabie saoudite, le gouvernement de transition de Mohamed Ghannouchi, Premier ministre depuis 1999 et ancien membre du parti présidentiel, ne parvient pas à contenir les revendications de la population en dépit d'une série de concessions. Fermées pendant deux semaines, les écoles ont commencé à rouvrir lundi, même si certaines se sont mises en grève pour réclamer le départ des nouvelles autorités.

Outre le chef du gouvernement, plusieurs anciens hiérarques du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) de Ben Ali ont conservé des ministères clés comme ceux de l'Intérieur, de la Défense et des Affaires étrangères.

Kamel Morjane exclut de démissionner

Dans un entretien publié lundi par Le Figaro, Kamel Morjane, chef de la diplomatie, exclut de démissionner. Il ne dit ne pas vouloir s'accrocher à ses attributions mais mettre ses compétences au profit du pays «dans une période délicate». La France, critiquée pour son manque de soutien public à la «Révolution de jasmin», a promis lundi, par la voix de son président Nicolas Sarkozy, de venir en aide aux nouvelles autorités et de rechercher systématiquement les «richesses pillées» par Ben Ali.

Les membres de la «Caravane de liberté» sont arrivés à Tunis, au terme du deuil national décrété en mémoire des victimes de la «Révolution de jasmin», qui a fait 78 morts, selon le gouvernement, 117, d'après les Nations unies. Parmi les marcheurs, beaucoup viennent de la région de Sidi Bouzid, à 300 km au sud de Tunis, où le suicide le mois dernier du jeune chômeur diplômé Mohamed Bouazizi a été l'élément déclencheur de la révolte populaire.

«Nous n'avons rien»

«On est marginalisé. Notre terre appartient au gouvernement. Nous, nous n'avons rien», a expliqué l'un d'eux, Mahfouzi Chouki, alors que les manifestants scandaient des slogans réclamant la démission du gouvernement. Pour calmer les esprits, Mohamed Ghannouchi a promis de quitter la vie politique à l'issue des prochaines élections, que le gouvernement a promis d'organiser au plus tôt.

L'agence de presse nationale a annoncé dimanche le placement en résidence surveillée de deux proches collaborateurs de Ben Ali, son porte-parole et plus proche conseiller, Abdelaziz bin Dhia, et l'ancien ministre de l'Intérieur et président de la chambre haute du parlement Abdallah Qallal. Larbi Nasra, propriétaire de la chaîne de télévision privée Hannibal TV, a en outre été arrêté pour «trahison». Il est accusé d'avoir encouragé la violence et travaillé pour le retour du président déchu. Le gouvernement intérimaire a annoncé la semaine dernière l'arrestation de 33 membres de la famille Ben Ali.