Crise politique: La mauvaise blague belge s'éternise
POLITIQUE•Les partis ne parviennent toujours pas à s'entendre pour former un gouvernement...Lucie Soullier
Un pays sans gouvernement. L'histoire belge dure depuis 222 jours. Pourtant, jusqu'à la fin 2010, peu de réactions dans la population.
Mais le cap des 200 jours, le 30 décembre, a agi comme un déclic. D'autant que, le 5 janvier, deux partis flamands, dont le parti indépendantiste NV-A, ont rejeté la proposition du médiateur Johan Vande Lanotte. Un nouvel échec qui a ravivé l'exaspération populaire.
Depuis, les initiatives citoyennes fleurissent. Mais, un peu plus de sept mois après les élections, l'heure n'est pas à la révolution: le pays s'agite selon la vieille tradition belge, insolite et ironique.
Manifester contre l'immobilisme plus que pour des réformes
Le site lerecorddumonde.be compte, par exemple, le nombre de jours séparant les Belges du record du monde du pays sans gouvernement, détenu par l'Irak avec 289 jours. Il faut avouer que le pays a déjà battu le record d'Europe de 208 jours, anciennement détenu par les Pays-Bas.
L'acteur Benoît Poelvoorde n'est pas en reste, avec son appel à ne plus se raser. Une blague qui fait le buzz. «Ce qui prouve que les gens ont besoin de légèreté face à ce vrai problème», confiait-il à 20minutes.fr il il y a peu.
Autre succès sur la Toile: le site camping16, où plus de 130.000 personnes ont déjà planté leur tente virtuelle au 16, rue de la Loi, l'adresse du Premier ministre. Pour Vincent de Coorebyter, directeur du Centre de recherche et d'information sociopolitiques, plus que le nombre de clics, le rendez-vous physique de dimanche fera office de test. «Certains politiques le redoutent car c'est symboliquement plus important.»
Simon Vandereecken, le graphiste de 23 ans à l'origine de la manifestation «Shame» (lire encadré), attend 20 000 personnes minimum, «Flamands comme Wallons». Et c'est ce qui importe. «Les deux opinions publiques peuvent se rassembler contre l'immobilisme, plus difficilement sur des réformes précises», analyse Pascal Delwitt, professeur de sciences politiques à l'Université libre de Bruxelles. D'où le mot d'ordre minimal du rassemblement: la formation d'un gouvernement. Même pour les Belges, les blagues les plus courtes sont les meilleures.