REPORTAGEMoncef Marzouki accueilli en triomphe à l'aéroport de Tunis

Moncef Marzouki accueilli en triomphe à l'aéroport de Tunis

REPORTAGEIls étaient très nombreux à venir accueillir l'opposant politique, de retour après 20 ans d'exil...
Bérénice Dubuc

Bérénice Dubuc

De notre envoyée spéciale à Tunis

Le calme avant la tempête. Ce mardi en fin de matinée à l’aéroport Tunis-Carthage, une petite poignée de sympathisants attendent l’arrivée de Moncef Marzouki, dirigeant du Congrès pour la république (CPR), parti de la gauche laïque interdit sous le régime Ben Ali, et candidat proclamé à la future élection présidentielle tunisienne.

Cependant, très vite, la foule gonfle, au fur et à mesure que l’heure avance et que les sympathisants affluent. L’information selon laquelle Moncef Marzouki arrive par le vol de 11h35 a circulé dans l’aéroport et sur Facebook.

Coïncidence

Les employés des compagnies aériennes, des magasins situés dans le hall de l’aéroport Tunis-Carthage, mais aussi les voyageurs arrivés précédemment ou les proches venus les accueillir ont décidé de rester pour assister à cette arrivée symbolique.

Siem et Sania travaillent à l’aéroport et ont profité d’une petite pause pour venir voir ce qui se passait. «On vient de l’apprendre. Ça fait plaisir d’entendre qu’il rentre après vingt ans d’exil et de l’accueillir, il est chez lui!», s’exclament-elles. Ouahida, 28 ans, est, elle, venue exprès pour «voir ça». Elle «espère que Marzouki, comme les autres qui vont revenir, permettront de construire la vie politique tunisienne et une vraie démocratie».

«On ne connaît pas ses idées»

Sofiane, 37 ans, qui ne partage pas vraiment les idées de l’homme, veut tout simplement qu’il participe à la vie politique. «Nous voulons le multipartisme, que les anciens dissidents en exil reviennent dans le pays, pour remplir le vide politique qu’il y a actuellement.»

Maroua, étudiante anesthésiste, et sa sœur, professeur d’éducation civique, se disent aussi très heureuses de ce retour, mais ne savent pas si elles voteront pour Marzouki à la présidentielle: «On ne connaît pas ses idées parce que pendant vingt-trois ans, Ça a été seulement Ben Ali RCD, on ne peut pas dire si Marzouki est bien. Mais l’important c’est que maintenant, il y a différents partis, et que l’on peut choisir.»

Bousculade

Dès l’annonce de l’atterrissage de l’avion sur les écrans, la foule se dirige vers les portes qui doivent laisser entrer Moncef Marzouki dans son pays. Encore une quinzaine de minutes d’attente, et le voilà. La foule applaudit à tout rompre, se remet à chanter, à crier. Une arrivée en fanfare, et une bousculade sans nom.

Marzouki tente de se frayer un passage, entouré par une nuée de caméras, de perches, d’appareils photos - les journalistes étant aussi venus en nombre pour couvrir ce moment historique.

Acclamé par la foule

Autour de cette masse déjà compacte, des sympathisants sortent appareils photos et téléphone portables pour immortaliser l’instant et se pressent pour tenter de l’apercevoir. L’opposant historique au régime finit par être porté en triomphe pendant quelques minutes, avant de se diriger, toujours suivi de la nuée, vers des escaliers pour s’adresser à la foule.

Il met quelques minutes à calmer ses sympathisants, puis, en arabe, leur explique qu’il compte se rendre immédiatement à Sidi Bouzid pour se recueillir sur la tombe de Mohamed Bouazizi, qui s’est immolé par le feu à la mi-décembre, et est considéré comme le symbole de la Révolution du Jasmin. Un bon point de départ, à en croire les applaudissements et les chants qui reprennent.