TUNISIEEvénements en Tunisie: Des risques pour l'économie «si l'incertitude perdure»

Evénements en Tunisie: Des risques pour l'économie «si l'incertitude perdure»

TUNISIELa situation pourrait peser sur l'activité touristique...
Thibaut Schepman

Thibaut Schepman

Près d’un mois après le début du mouvement social , les craintes se font sentir sur leurs éventuelles conséquences pour l’économie tunisienne. Le pays, qui compte 10 millions d’habitants, accueille chaque année 7 millions de touristes. Le secteur représente «directement 8% du PIB du pays», rappelle Lahcen Achy, économiste au centre Carnegie pour le Moyen-Orient.

Baisse des réservations

L’annonce vendredi de l'évacuation de plusieurs milliers de touristes par le voyagiste Thomas Cook, inquiète donc les économistes. Les voyagistes français, principaux clients touristiques de la Tunisie, restent pour l’instant plus mesurés. Le CETO (Centre d'étude des tours operateurs), recommande simplement des «aménagements», comme l’annulation des «excursions au départ des hôtels».

Inquiétudes à long terme

Mais les économistes craignent moins pour la période actuelle, saison creuse, que pour les réservations à venir. «C’est aujourd’hui que les tour opérateurs proposent leurs destinations, impriment leur documentation. Si l’incertitude demeure, il y a un risque de voir les touristes se déplacer vers d’autres destinations méditerranéenne comme la Turquie ou le Maroc», avance Lahcen Achy. Déjà, Tourmag, le portail des professionnels du tourisme, annonce des baisses des réservations de l’ordre de 30 à 50% chez les voyagistes.

Autre inquiétude, la baisse des investissements étrangers. «Il y a de très nombreuses entreprises étrangères, dont plus de 1.300 entreprises françaises, qui investissent chaque année en Tunisie. Ce sont des processus très longs, très coûteux, elles ne risquent pas de se retirer rapidement». Mais l’économiste craint que, «si l’incertitude perdure», elles renoncent à une partie leurs investissements.

Surveillance négative

Selon une information du Figaro.fr publiée vendredi, l’agence de notation financière Fitch a même placé la note BBB de la Tunisie sous surveillance négative. Cette décision «reflète l’éclatement soudain et imprévu d’un risque politique et les incertitudes politiques et économiques» qui en découlent.

«La promesse d'élections anticipées ainsi que d'une ouverture du système politique introduit des incertitudes supplémentaires», ajoute l'agence.

Lahcen Achy note toutefois de possibles retombés positives pour l’économie tunisienne, en cas de détente du pouvoir : «le manque de libertés et la corruption créent aujourd’hui un climat néfaste pour les affaires», atteste-t-il. «Seuls les plus grands groupes, liés au pouvoir, peuvent pour l’instant investir sans être menacés ou ralentis». Toute amélioration sur le plan des libertés dans le pays serait, à long terme, bénéfique pour le climat des affaires.