MONDEOtages: La stratégie française mise à l'épreuve par Aqmi

Otages: La stratégie française mise à l'épreuve par Aqmi

MONDELe point sur les stratégies en place dans le Sahel...
E.O.

E.O.

Depuis avril 2010, huit Français ont été pris en otage par Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Parmi eux, trois ont trouvé la mort – dont, le week-end dernier, Vincent Delory et Antoine de Léocourt. 20minutes.fr revient sur le rapport de force entre la France et le mouvement terroriste au Sahel.

L’intervention militaire au Niger reflète t-elle un changement de stratégie française?

Oui. Dans le cas de Michel Germaneau, enlevé le 19 avril 2010 et tué le 24 juillet –une exécution revendiquée par Aqmi– les forces françaises avaient mené un raid «de la dernière chance». L’otage était alors aux mains des terroristes depuis des mois et faisait l’objet d’un ultimatum: le 12 juillet, le mouvement avait donné 15 jours à Paris pour libérer des prisonniers, faute de quoi Michel Germaneau serait exécuté.
Ce week-end, les soldats français assistés par les forces de sécurité nigériennes ont voulu intervenir rapidement. Le but était d’empêcher les preneurs d’otages de rejoindre la zone d’influence d’Aqmi, un large territoire situé au Sahel occidental, un endroit dangereux où il est difficile d’entrer en contact avec ceux qui détiennent les otages. «Ne rien faire, c'était prendre un double risque: d'abord voir nos otages amenés par leurs ravisseurs dans une de leurs bases refuges du Sahel, et on sait ensuite comme ils sont traités, (et puis) ne rien faire, c'est donner un signal que la France, finalement, ne se bat plus contre le terrorisme», a défendu Alain Juppé, dimanche soir.
D’autre part, depuis l’enlèvement des cinq Français salariés d’Areva le 16 septembre, la France s’est dotée de plus amples moyens militaires dans la zone, pour faire face à ce genre d’événement. Les forces militaires ont donc la possibilité d’agir rapidement.

Quelle est la stratégie d’Aqmi ?

Le mouvement, composé d’environ 300 hommes, cherche à étendre son influence. Aqmi n’est qu’indirectement responsable des enlèvements: ce sont des mafieux, des petits criminels, qui réalisent les rapts puis revendent les otages à Aqmi, qui est prêt à payer de plus en plus cher pour détenir ces personnes. Le but n’est pas de lancer des négociations mais d’affaiblir la France. En proposant de larges primes à ceux qui réalisent les rapts, Aqmi incite les ravisseurs à prendre davantage de risques et à pénétrer dans des zones jusque-là réputées sûres, comme à Niamey. De cette façon, le mouvement élargit sa zone d’influence et accentue la pression sur la France.


Comment de telles situations vont-elles être gérées à l’avenir?

Les interventions rapides seront probablement privilégiées, si possible, en cas de nouveaux enlèvements –avec les risques qu’elles comportent.
Dès juillet, après la mort de Michel Germaneau, Nicolas Sarkozy avait assuré que «le paiement de rançon pour la libération de prisonnier ne peut pas être une stratégie durable». Les rançons ne sont pas favorisées car ce sont précisément elles qui financent Aqmi, et incitent ainsi les nouvelles prises d’otages.
Enfin, les négociations sont elles aussi difficiles dans cette zone: les revendications sont peu précises ou excessives –libération de terroristes ou retrait de troupes françaises de certains pays, par exemple.