Espionnage économique: les entreprises françaises tout autant victimes que coupables
ECONOMIE•20minutes.fr revient sur plusieurs grandes affaires de ces dernières années...Elsa Meyer
En ce mercredi matin, le doute plane au siège de Renault. Trois cadres ont été mis à pied, soupçonnés d’espionnage industriel. Cette affaire n’est pas la première dans le secteur même si beaucoup ne sont pas rendues publiques.
Et à ce petit jeu, les entreprises françaises sont loin de jouer le seul rôle de la victime.
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Renault, Michelin et les autres
Renault a déjà fait les frais il y a quatre ans d’une affaire d’espionnage industriel. En juillet 2007, le constructeur porte plainte contre X, à la suite de publication dans Auto Plus de photos inédites de ses futurs modèles. Le journaliste du magazine, un salarié de Renault et un ancien stagiaire sont mis en examen en 2008.
La même année un ancien cadre de Michelin est poursuivi pour avoir tenté de vendre des secrets industriels au principal concurrent du groupe, le Japonais Bridgestone. Jugé au début de l’année, il a été relaxé du chef de «violation des secrets de fabrique» mais reconnu coupable d’ «abus de confiance».
Le verdict est le même pour Valéo. En 2005, l’équipementier automobile porte plainte contre une stagiaire, accusée de vol de données informatiques confidentielles. L’étudiante est finalement reconnue coupable d’abus de confiance mais non d’espionnage industriel.
La France, as de l’espionnage
Mais si les entreprises françaises sont victimes de ces pratiques, elles ne sont pas en reste pour rendre la pareille à leurs concurrentes étrangères.
La France serait même championne du monde en la matière pour les Etats-Unis, selon des informations publiées mardi par le journal norvégien Aftenposten à partir de télégrammes diplomatiques obtenus par le site WikiLeaks.
«L'espionnage français est tellement étendu que les dégâts [qu'il provoque] pour l'économie allemande, dans leur totalité, sont plus importants que les dégâts provoqués par la Chine ou la Russie», selon une note non datée de l'ambassade des Etats-Unis à Berlin.
Frontière floue
Mais peu de ces affaires ont donné lieu à des plaintes ces dernières années. Car la frontière avec l’intelligence économique, parfaitement légale, est floue.
«De nombreux groupes français sont ainsi très habiles et rusé pour recueillir des informations, explique ainsi à 20minutes.fr Christian Harbulot, directeur de l’Ecole de guerre économique. Les multinationales profitent notamment des liens qui existent entre les ingénieurs de ses filiales à l’étranger et les ingénieux locaux pour qu’il y ait des échanges de données confidentielles.»