RENSEIGNEMENTSOtages français en Afghanistan: comment l'Etat suit leur sort heure après heure

Otages français en Afghanistan: comment l'Etat suit leur sort heure après heure

RENSEIGNEMENTSPlusieurs cellules suivent le dossier...
© 2010 AFP

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Des bureaux de l'Elysée aux commandos crapahutant dans les montagnes, en passant par les drones et les écoutes: le gouvernement français suit heure par heure le sort de Hervé Ghesquière et de Stéphane Taponier, détenus dans la province de la Kapisa, en Afghanistan.

Rue de l'Elysée (VIIIe), dans un petit immeuble anodin, l'état-major particulier du président de la République, dirigé par le général Benoît Puga, reçoit en temps réel toutes les informations de terrain. Elles viennent de l'état-major des armées depuis le Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) installé dans la «cuve», à l'abri de dix mètres de béton sous le boulevard Saint-Germain (VIIe).

Claude Guéant informé en temps réel

Dans le même immeuble rue de l'Elysée, à l'étage du dessus, la petite équipe de Bernard Bajolet, coordonnateur national du renseignement, centralise tous les renseignements des services: Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), Direction du renseignement militaire (DRM) et Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).

Le général Puga et Bernard Bajolet tiennent informé le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, des moindres évolutions du sort des deux journalistes de France 3. La cellule de crise du Quai d'Orsay (VIIe) alimente également l'Elysée.

A l'autre bout de Paris, boulevard Mortier (XXe), la «salle de situation» de la DGSE bruit 24 heures sur 24 des éléments recueillis sur le terrain par ses agents et des analyses de ses spécialistes.

La DGSE, explique à l'AFP Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), «reste en première ligne» sur le dossier des otages d'Afghanistan comme sur celui des cinq otages français enlevés au Niger.

Images satellites

«C'est elle qui établit, via des intermédiaires, le contact avec les ravisseurs et mène les négociations, pour tenter d'aboutir à la libération des otages, dans un cadre fixé par l'Elysée», relève Eric Denécé, co-auteur d'un Atlas des conflits et menaces, qui vient d'être publié par Belin. «Les moyens humains et électroniques de la DGSE, poursuit-il, recueillent les éléments qui seront décortiqués par les analystes à Paris».

Dans la province de la Kapisa, où est déployée une partie du contingent français, «tous les moyens nationaux de renseignement sont activés en permanence: patrouilles; écoutes des transmissions des talibans; drones», dit un ancien chef d'un service de renseignements sous couvert de l'anonymat.

«La coopération en matière de renseignement avec les autres pays est plutôt efficace et bonne, notamment pour l'imagerie satellitaire», ajoute ce spécialiste. Pour autant, les «gens d'en face utilisent des moyens de plus en plus sophistiqués, comme des téléphones satellitaires cryptés et, plus simplement des estafettes pour communiquer à l'abri des écoutes», relève-t-il. Des commandos de montagne tentent, selon Eric Denécé, de gêner le passage des cols entre les vallées empruntés par les groupes de rebelles.

A plusieurs reprises depuis l'enlèvement de Hervé Ghesquière et de Stéphane Taponier, des responsables français ont assuré que des «preuves de vie» avaient été fournies par les ravisseurs et que des négociations étaient engagées avec ces derniers.

«Il est probable que les militaires et les agents français ont une idée assez précise de l'endroit où sont détenus les deux journalistes», remarque un bon connaisseur du dossier sous couvert de l'anonymat. «De là à tenter une opération de "vive force" pour les libérer, il y a un grand pas que le gouvernement n'est pas près de franchir».