Le patriotisme économique n'est pas mort
ECONOMIE•Retour sur quelques maoeuvres du gouvernement alors qu'il tente d'empêcher le rachat d'Ingenico...Elsa Meyer
Le gouvernement n’as pas l’intention de laisser filer le fabricant de terminaux de paiement, Ingenico. Safran, premier actionnaire du groupe et détenu à 30% par l'Etat, a rejeté ce week-end une offre de rachat de l’Américain Danaher.
En cause: le «caractère stratégique de cette entreprise pour la filière électronique française», a déclaré lundi sur LCI le ministre de l'Industrie, Eric Besson.
Comme nombre de pays, la France essaye d’éviter que ses fleurons industriels ne tombent dans l’escarcelle d’acquéreurs étrangers. Avec plus ou moins de succès. 20minutes.fr revient sur quelques grandes manœuvres de ces dernières années.
Danone sera-t-il racheté par l’Américain Pepsico?
Au mois de juillet 2005, les rumeurs vont bon train autour d’une OPA de Pepsico sur Danone. Hors de question cependant pour les pouvoirs publics de voir le géant français de l’agroalimentaire traverser l’Atlantique.
La classe politique monte au créneau et le président de la République d’alors, Jacques Chirac, affirme même être «particulièrement vigilant et particulièrement mobilisé». Pepsico dément finalement toute OPA sur Danone.
Mais pour éviter ce type de menaces, le gouvernement publie quelques mois plus tard un décret qui oblige Bercy à donner son accord lors de prises de contrôle par des groupes étrangers d’entreprises françaises dans des secteurs stratégiques.
L’Allemand Siemens s’intéresse de très près à Alstom
En 2004, le PDG de Siemens, Heinrich von Pierer, ne cache pas ses ambitions sur Alstom, au plus mal financièrement. Le groupe allemand veut construire un grand ensemble européen et aimerait bien absorber certaines activités de son concurrent français.
Mais le gouvernement ne l’entend pas de cette oreille. Le ministre délégué à l'Industrie, Patrick Devedjian, affirme que l'offre de Siemens est «une proposition de démantèlement» d'Alstom et «nous ne le souhaitons pas».
Le ministre de l’Economie de l’époque, Nicolas Sarkozy, réussit à faire passer devant Bruxelles un plan de sauvetage d’Alstom de 3,2 milliards d’euros. Et une entrée de l’Etat au capital à hauteur de 20% environ.
Sauver Suez des griffes de l’Italien Enel
En février 2006, le leader de l’Energie, Enel, détenu à plus de 30% par l’Etat italien, annonce la couleur: il est intéressé par le groupe franco-belge Suez. Le gouvernement sort alors l’artillerie lourde pour lui barrer la route.
Le Premier ministre, Dominique de Villepin, fait part du projet de fusion de Suez avec GDF. La France, Suez et Enel vont alors plaider leur cause à Bruxelles: le premier pour convaincre de l’intérêt de la fusion; le deuxième pour dénoncer l’OPA de l’Italien; et le dernier pour attaquer le patriotisme économique français.
Dans le même temps, le gouvernement entreprend la privatisation de GDF et tente de convaincre les salariés des deux groupes. Enel, de son côté, ne baisse pas les bras et part à la chasse aux capitaux.
Au mois de juillet 2008, la fusion entre GDF et Suez est finalement actée et la menace d'une OPA écartée.