Affaire Bettencourt: Les enquêtes visant Eric Woerth, elles, se poursuivent
JUSTICE•Seul le volet familial de l'affaire est quasiment clos...Catherine Fournier
Finie l’affaire Bettencourt? Loin de là. Si le volet familial pourrait avoir trouvé un épilogue dans l’abandon des poursuites de Françoise Bettencourt-Meyers à l’encontre du photographe François-Marie Banier pour «abus de faiblesse» sur sa mère, le volet politique, lui, est toujours bien ouvert.
Dans le cadre du différend entre l’héritière de L’Oréal et sa fille, des enregistrements pirates avaient en effet été réalisés au domicile de Liliane Bettencourt à Neuilly. Leur contenu, révélé en juin dernier par Mediapart, mettait en cause plusieurs personnalités, sur fond de financement politique illégal et de fraude fiscale. Rapidement, une figure a émergé et s’est retrouvée au cœur de la polémique: Eric Woerth, l’ex-ministre du Travail en charge de la douloureuse réforme des retraites.
Dépaysement des enquêtes à Bordeaux
Si le parquet de Nanterre s’était contenté au départ d’enquêter sur les conditions dans lesquelles ces conversations privées avaient été captées, à partir d’une plainte de Liliane Bettencourt pour atteinte à la vie privée, le procureur Philippe Courroye a fini par ouvrir quatre enquête préliminaires sur le contenu même de ces écoutes.
A la demande du procureur général de Versailles, ces enquêtes préliminaires se sont récemment transformées en information judiciaire. Laquelle a été dépaysée au tribunal de grande instance de Bordeaux, avec le dossier pour abus de faiblesse qui était instruit par la juge Isabelle Prévost-Desprez ainsi que l'information judiciaire contre X pour «violation du secret professionnel» visant la magistrate, après des fuites dans la presse.
Eric Woerth visé à plusieurs titres
Hormis le volet «abus de faiblesse», dont l'avenir judiciaire est désormais incertain avec le retrait de la plainte, les deux autres informations judiciaires restentde toute façon instruites. Eric Woerth est visé à plusieurs titres dans la première. La qualification de «trafic d'influence par une personne investie d'un mandat électif» a été retenue concernant l'épisode où la police a établi qu'il était intervenu en tant que député pour obtenir la Légion d'honneur pour Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt.
Or, ce dernier avait embauché fin 2007 Florence Woerth pour 200.000 euros annuels et avait pourvu au financement – légal - de l'UMP avec l'argent de Liliane Bettencourt. Eric Woerth était alors ministre du Budget et trésorier de l'UMP.
Par ailleurs, la qualification de «financement illicite de parti politique ou de campagne électorale» est retenue concernant les allégations de l'ex-comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout, qui a parlé d'une remise de 150.000 euros en espèces à Eric Woerth pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.