Côte d'Ivoire, un pays, deux présidents
COTE D'IVOIRE•Laurent Gbagbo investi président, Alassane Ouattara a aussi prêté serment...P.K.avec Reuters
Fort du soutien de l'armée, le président sortant Laurent Gbagbo a prêté serment samedi à la tête de la Côte d'Ivoire malgré une victoire électorale vivement contestée par l'opposition et la communauté internationale. Dans le même temps, Alassane Ouattara, «président élu», selon l’ONU, a aussi prêté sermentet nommé Guillaume Soro Premier ministre.
Le premier exportateur mondial de cacao, ancien pays phare de l'Afrique de l'Ouest, entre dans une période de grande incertitude et d'isolement qui risque de dégénérer en lutte de pouvoir.
Allégeance de l’armée
La Commission électorale indépendante (CEI) a crédité son rival Alassane Ouattara de 54,1% des voix exprimées au second tour de la présidentielle dimanche.
Mais le Conseil constitutionnel, invoquant des fraudes dans le Nord, a invalidé des milliers de bulletins et proclamé vendredi la victoire du chef de l'Etat sortant.
«Je ne transigerai jamais sur la souveraineté nationale»
La cérémonie d'investiture a été retransmise en direct à la télévision nationale (RTI) après que le chef d'état-major des armées, le général Philippe Mangou, eut renouvelé la veille au soir son allégeance envers Laurent Gbagbo.
«Je continuerai à travailler avec l'ensemble de la communauté internationale mais je ne transigerai jamais sur la souveraineté nationale», a lancé le chef de l'Etat sous les encouragements et le tintamarre des vuvuzelas de son auditoire.
Soutien de la France et des Etats-Unis
Balayant du revers de la main les désaveux de la communauté internationale, et notamment du représentant de l'Onu, il a ajouté: «J'ai observé quelques exemples graves d'ingérence. Nous n'avons demandé à personne de venir gérer notre pays. Notre souveraineté est quelque chose que je vais défendre». Entre temps, de nombreux pays et organisations internationales, comme les Etats-Unis, la France, l’union africaine... ont réaffirmé leur soutien à Alassane Ouattara.
Samedi, des manifestants ont dressé des barricades et mis le feu à des pneus dans la métropole lagunaire ainsi que dans d'autres agglomérations, dont Bouaké, la grande ville du Centre qui a servi de «capitale» aux ex-rebelles des Forces nouvelles (FN). Mais aucune manifestation d'envergure n'a eu lieu.