Karachigate: Villepin chez le juge jeudi
JUSTICE•En parallèle, les juges Van Ruymbeke et Trévidic ont mis au jour une série d'éléments pouvant étayer la piste d'une possible corruption...B.D. avec Reuters
Ce sera finalement jeudi. Dominique de Villepin sera auditionné ce jour-là par le juge Renaud Van Ruymbeke. Cette convocation intervient alors que de nombreux éléments collectés dans deux instructions distinctes - celle du juge Van Ruymbeke, sur l'aspect financier, et celle menée par le juge Marc Trévidic sur l'assassinat des Français à Karachi - mettent au jour des circuits financiers suspects autour d'une vente de sous-marins au Pakistan.
La convocation de l’ancien secrétaire général de l'Elysée (1995-2002) et ex-Premier ministre (2005-2007), a été confirmée par une source judiciaire à Reuters. Dominique de Villepin devra dire jeudi ce qu'il sait d'une possible affaire de corruption pendant la campagne présidentielle de 1995, liée à l’attentat de Karachi.
Les juges sur la piste d'une possible corruption
Les juges Van Ruymbeke et Trévidic ont en effet, au cours de leurs enquêtes respectives, rassemblé une série d'éléments sur la piste d'une possible corruption, selon des sources judiciaires. Le recrutement in extremis, après la signature du contrat des sous-marins, d'un second réseau d'intermédiaires devant recevoir 33 millions d'euros de commissions (pour un total de 84 millions), a ainsi été établi.
>> Zoom sur les protagonistes de l'affaire Karachi
Des documents saisis démontrent la création au Luxembourg de deux sociétés, Heine et Eurolux, pour recevoir cet argent, avec l'aval, selon un rapport de police luxembourgeois, d'Edouard Balladur et Nicolas Sarkozy. C'est ce réseau que Jacques Chirac a fait «assécher» en 1995. Il restait alors neuf millions d'euros à payer, et c'est la destination finale de 24 millions d'euros qui est recherchée.
Sur la piste de l'argent, le juge Trévidic s'est rendu en Suisse au printemps dernier et a découvert des documents, selon une source judiciaire. Une procédure judiciaire sera nécessaire pour qu'ils soient éventuellement remis à la France.
Les comptes du parti de Balladur épluchés
Par ailleurs, le juge Van Ruymbeke a découvert que 13 millions de francs (deux millions d'euros) d'origine inconnue avaient été versés en espèces aux comptes de campagne d'Edouard Balladur, validés malgré l'avis contraire des rapporteurs. Il s'est fait remettre les comptes du parti d'Edouard Balladur, l'Association pour la réforme, par la Commission nationale des comptes de campagne, révèle Parismatch.fr ce mercredi. Les comptes en question étaient stockés au siège de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP).
Enfin, dit-on de source judiciaire, sont versés au dossier du juge Trévidic des documents montrant que Jean-Marie Boivin, dirigeant de Heine, a obtenu en 2009 huit millions d'euros de «dédommagement» de l'Etat français, dans un accord passé sur le paradis fiscal de l'île de Man. Jean-Marie Boivin l'avait demandé dans des courriers avant la présidentielle de 2007 à plusieurs ministres, dont Nicolas Sarkozy.