SCANDALEL'affaire Karachi: tout comprendre sur le système complexe des rétrocommissions

L'affaire Karachi: tout comprendre sur le système complexe des rétrocommissions

SCANDALELes explications sur le Karachigate...
Vincent Vantighem

Vincent Vantighem

Comment Nicolas Sarkozy et Edouard Balladur peuvent-ils être soupçonnés d'être impliqués dans une affaire qui a indirectement coûté la vie à onze Français? Retour sur le «Karachigate»

Les faits. Le 8 mai 2002, une voiture piégée s'encastre dans un bus devant un grand hôtel à Karachi. Quatorze personnes, dont onze Français, trouvent la mort. Salariés de la Direction des chantiers navals (DCN), ils travaillaient à la construction de trois sous-marin vendus par la France au Pakistan.
Le contrat. Baptisé « Agosta », le contrat remporté par la DCN s'élève à 5,41 milliards de francs (825 millions d'euros). En toute légalité à l'époque, un intermédiaire (la Sofma) touche 6 % de commissions pour avoir conclu la transaction. En parallèle, des proches d'Edouard Balladur imposent deux nouveaux intermédiaires libanais qui touchent, quant à eux, 4 % de commissions. Ces fonds étaient destinés à arroser des dignitaires pakistanais pour les remercier d'avoir choisi la DCN – et donc la France – dans le cadre de ce contrat d'armement.
Les soupçons de rétrocommissions.Premier ministre à l'époque, Edouard Balladur est soupçonné d'avoir touché des rétrocommissions pour financer sa campagne présidentielle de 1995, dont Nicolas Sarkozy était le trésorier. En clair, les commissions versées au Pakistan seraient revenues en France au bénéfice du Premier ministre.
Les comptes de campagne. Lors de l'examen de ses comptes de campagne en 1995, Edouard Balladur n'a pas su justifier le dépôt de 10,25 millions de francs en espèces sur son compte. Malgré les remarques de trois sages qui pensaient déjà à un « système occulte », les comptes ont été approuvés.
L'intervention de Jacques Chirac. Une fois élu, Jacques Chirac, informé des doutes sur le contrat Agosta, aurait mis fin au système occulte avec Charles Millon. Les familles de victimes pensent que l'attentat a été perpétré en représailles de l'arrêt des commissions.