SANTELe Bisphénol A serait mauvais pour la qualité du sperme

Le Bisphénol A serait mauvais pour la qualité du sperme

SANTEEt il pénètrerait l'organisme par la peau, selon deux études publiées ce jeudi...
Le bisphénol A est présent dans de nombreux plastiques alimentaires.
Le bisphénol A est présent dans de nombreux plastiques alimentaires.  - SIPA
C. F. (avec AFP) et M. B.

C. F. (avec AFP) et M. B.

Le Bisphénol A (BPA) a décidemment bien des défauts. Déjà montré du doigt pour accroître le risque de dysfonctionnement sexuel masculin et perturber le développement cérébral des foetus et nouveaux-nés, il réduirait aussi nettement la concentration et la qualité du sperme, selon une étude publiée ce jeudi.

Cette recherche, qui paraît dans la revue «Fertility and Sterility», a été menée pendant cinq ans sur 514 ouvriers travaillant dans des usines en Chine. Les auteurs ont constaté que ceux qui avaient les concentrations les plus élevées de BPA dans leur urine multipliaient le risque de produire un sperme de mauvaise qualité.

La peau est un vecteur aussi

«Comparativement aux hommes sans trace détectable de BPA dans l'urine, ceux qui avaient les teneurs les plus élevées multipliaient par plus de trois le risque d'une concentration diminuée de leur sperme et de sa vitalité», précise le Dr De-Kun Li, un épidémiologiste de Kaiser Permanente (consortium privé américain de soins et d'assurance maladie), principal auteur de cette communication.

Les chercheurs de l’unité Xénobiotiques de l’Inra (Institut national de la recherche agronomique) de Toulouse ont quant à eux montré pour la première fois que le Bisphénol A peut pénétrer l’organisme humain par la peau. «Le BPA peut migrer des plastiques et résines dans lesquels on le trouve, vers l’aliment contenu. On le retrouve dans les urines, le sang et le liquide amniotique d’une grande majorité de la population européenne» rappelle l’Institut. «Mais les mesures de résidus de BPA dans les tissus humains ne concordent pas avec l’exposition théorique de la population (extrapolée par les quantités de BPA présentes dans les aliments)» ce qui fait suspecter à «plusieurs spécialistes l’existence d’autres sources d’exposition au BPA, en particulier cutanée».

Un composé chimique servant à diluer la résine de polyester

Et c’est ce que viennent de démontrer les chercheurs de l’Inra de Toulouse, en collaboration avec les laboratoires Pierre Fabre. «Sur des explants d’oreilles de porc, ils ont observé qu’environ les deux tiers du BPA déposé à la surface de la peau traversaient la barrière cutanée, quelle que soit la dose déposée. Une comparaison a été réalisée avec des explants de peau humaine, démontrant des résultats similaires.»

Le BPA est un composé chimique servant à diluer la résine de polyester pour la rendre liquide et faciliter son laminage. Il est de ce fait présent dans un grand nombre de récipients alimentaires et de boissons dont les biberons ainsi que dans les résines de scellement dentaire. En France, la vente de biberons contenant du bisphénol est désormais interdite.