«Je suis persuadée qu'ils comptent les jours et, même, chaque minute.» Florence Aubenas, journaliste et ex-otage en Irak, sait que le temps d'Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier n'est qu'angoisse. Les deux journalistes de France Télévisions vivent, ce lundi, leur 300e jour de captivité en Afghanistan. Presque dix mois se sont passés depuis l'enlèvement des deux hommes et de leurs trois accompagnateurs par des talibans présumés, le 30 décembre 2009, à proximité de Kaboul, dans la région montagneuse de Kapisa.

Des espoirs de libération déçus

Pour leurs proches, l'attente est différente mais bien présente: celle d'un rendez-vous à l'Elysée ou d'un coup de téléphone annonçant les dernières nouvelles. «Alors, ajoute Florence Aubenas, la famille s'accroche à des petits riens.» Une voix plus ou moins gaie peut être interprétée, un jour, comme le signe d'une libération imminente et, le lendemain, comme celui d'une exécution proche. «Le pire, c'est ça: les montagnes russes émotionnelles», conclut la journaliste.

Élise Lucet confirme. La présentatrice du magazine Pièce à convictions, pour lequel Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier s'étaient rendus en Afghanistan, explique «avoir vraiment cru une ou deux fois à leur libération. La déception a été terrible.» Celle qui présente ses confrères comme, «d'abord, deux amis», se rassure en se souvenant de «deux personnalités fortes» qui pourront résister à l'épreuve qu'ils traversent. Une cellule psychologique sera malgré tout mise en place «pour leur retour».

A France Télévisions, leur famille professionnelle, tout le monde s'est donc mobilisé. Leurs visages sont affichés au-dessus de chaque porte d'accès, un livre de témoignages est à disposition et, ce soir, un concert de solidarité est organisé (lire l'encadré).

« Il ne faut plus que cela dure »

«S'ils peuvent l'entendre, qu'on leur amène un poste de radio, ils seraient tellement boostés», espère Patricia Philibert, porte-parole du comité de soutien et proche d'Hervé Ghesquière. Car, sur «des bribes d'informations du dehors, on peut tenir des mois», appuie Florence Aubenas. Malgré tout, «il ne faut plus que cela dure», insiste Patricia Philibert. Parce que, même si «on nous dit qu'ils tiennent le choc, le temps reste la tragédie des otages». Hervé, Stéphane: on ne vous oublie pas.